Hommage à Victor-Lévy Beaulieu (1945-2025)

Victor-Lévy Beaulieu s’est éteint, emportant avec lui l’une de nos plus grandes voix littéraires. L’homme de lettres laisse derrière lui une œuvre monumentale. Il nous lègue des dizaines de romans, de récits, d’essais, de téléromans et de pièces de théâtre.

En tant qu’écrivain, il aura marqué notre imaginaire par sa langue unique, puisant dans tous les registres pour donner vie à des personnages plus grands que nature. En tant qu’éditeur, il aura contribué à la fondation d’une littérature nationale forte et audacieuse.

Victor-Lévy Beaulieu aura su parler de nous, pour nous, avec engagement et intensité. Son œuvre continuera de nous habiter.

Pendant trois saisons, de 1987 à 1990, les tribulations de la famille Galarneau sont suivies en masse par les téléspectateurs québécois. Les thèmes crus, les personnages hauts en couleur, le patois et les expressions mémorables… autant d’éléments qui fascinent.

À la veille de la diffusion du premier épisode, en octobre 1987, VLB se confiait au journal Le Nouvelliste : « Habituellement, dans les bons téléromans traditionnels, il est rare d’entendre parler de sexe, de syndicalisme ou d’inceste […], mais pour L’Héritage, j’ai essayé d’y mettre un peu plus de symbolisme, ce qui est plutôt rare présentement à la télévision. »

La série alimentera par ailleurs un certain créneau touristique dans le Bas-du-Fleuve, comme en témoigne ce publireportage de La Presse (voir p. 5).

En septembre 1976, la pièce Ma Corriveau est créée au Théâtre d’Aujourd’hui. Victor-Lévy Beaulieu y revisite une tranche d’histoire bien ancrée dans l’imaginaire québécois. 

Le Soleil du 24 septembre 1976 rapporte : « Depuis quelque cinq ans, le personnage de La Corriveau, cette femme qui, aux premières heures du Régime anglais, fut jugée par un tribunal anglophone pour répondre à deux accusations de meurtres contre ses deux maris, fascine les auteurs. Gilles Vigneault lui a écrit une chanson que Pauline Julien interprète aussi. Certains ont vu dans le roman d’Anne Hébert, Kamouraska, une certaine parenté avec la jolie veuve de Saint-Vallier […]. »

« Au théâtre aussi le personnage fascine. Victor Lévy-Beaulieu, profitant de ses origines "bas-dufleuviennes" pour fouiller les légendes racontées par Félix Aubert de Gaspé au sujet de la sorcière La Corriveau, avait écrit un texte qui fut créé lors d'un atelier à l'École nationale de théâtre, en octobre 1973, dans une mise en scène de Michelle Rossignol. Aujourd'hui, son ami Jean-Claude Germain reprend la pièce au Théâtre d'Aujourd'hui, avec une distribution de comédiens de métier, dans une mise en scène d’André Pagé. »

Victor-Lévy Beaulieu a non seulement été un auteur prolifique, mais aussi un éditeur d’importance au Québec. Après avoir été directeur littéraire aux Éditions du Jour pendant quelques années, il fonde en 1973, avec Léandre Bergeron, les Éditions de l’Aurore. Trois ans plus tard, il crée VLB éditeur dont il cédera les droits au milieu des années 1980. Il y aura publié notamment Jacques Ferron, Michel Garneau et Francine Noël. Enfin, il fonde en 1994 les Éditions Trois-Pistoles, du nom de son village. C’est là qu’il a créé la collection « Écrire », dans laquelle une quarantaine d’écrivains du Québec explorent leur rapport à l’écriture. 

Cet article paru dans Le Soleil, le 20 février 1976, évoque la création des Éditions VLB.

Œuvres complètes

Romans

Don Quichotte de la Démanche, 1974 (prix du Gouverneur général)

Antiterre, 2011

Romans autour de ses téléromans

Race de monde, 1969

L’Héritage, 1987-1991 (aussi une pièce de théâtre, 1996)

Bouscotte, 2001-2002

Échanges avec d’autres écrivains

Deux sollicitudes – Entretiens (avec Margaret Atwood), 1996

Correspondances (avec Jacques Ferron), 2005

Sur son métier d’éditeur

Les mots des autres – La passion d’éditer, 2001

Film sur VLB

Victor-Lévy Beaulieu – Du côté des bêtes, de Manon Barbeau, 2005