Hull aux portes de l’enfer : le grand feu de 1900

La journée du 26 avril 1900 devait en être une comme les autres pour la population de la ville de Hull. Toutefois, vers 11 h, tout bascule lorsqu’un incendie de cheminée se déclare dans une résidence de la rue Chaudière.

Histoire du Québec (1867-1944)

Incendie éclair

En moins de trois heures, le tiers de la ville de Hull est consumé par les flammes. De nombreuses résidences et infrastructures municipales, construites en bois, sont détruites. Plusieurs usines sont la proie des flammes, notamment l’E. B. Eddy Company, l’usine de pâtes et papiers la plus importante de la ville, ainsi que la manufacture d’allumettes et ses 20 000 caisses d’allumettes phosphorées. La population tente au mieux de combattre l’incendie. Toutefois, il devient rapidement incontrôlable. Équipement insuffisant et réseau de distribution d’eau déficient nuisent aux opérations de sauvetage. 

Finalement, les flammes sont maîtrisées vers minuit, soit un peu plus de 12 heures après le début de l’incendie.

Pertes et conséquences

Il faut près de trois jours pour mesurer l’ampleur des pertes subies lors du « grand feu ». Bilan : une dizaine de personnes décédées, environ 1300 bâtiments réduits en cendres, près de 12 000 sans-abris et plus de 3 millions de dollars en dommages matériels. Géographiquement, c’est environ 40 % du territoire de la ville de Hull qui est parti en fumée.

Au lendemain du grand feu, l’organisation municipale et son administration subissent de grandes modifications. La politique municipale qui interdit de construire des édifices en bois sur les artères principales devient plus rigoureuse. Le rôle de pompier est également valorisé auprès de la population. 

Cet incendie a malheureusement entraîné la disparition des registres de l’état civil, des cadastres municipaux, des archives de comté ainsi que de celles du greffier. La destruction du palais de justice et de nombreux bureaux de notaires et d’avocats a fait en sorte qu’une grande partie de l’histoire documentaire de la ville n’existe plus aujourd’hui. Les traces de milliers d’ancêtres se sont envolées en fumée. On ne trouve plus que quelques informations disparates pour raconter ce qui a précédé le feu. Plus d’un siècle plus tard, l’histoire de cet événement dévastateur est encore bien vivante dans les esprits de la région.

Cet article est une version révisée d’un texte publié dans le blogue Instantanés de BAnQ le 27 novembre 2019, sous le titre « Hull aux portes de l’enfer : le grand feu de 1900».

Pour aller plus loin : 

BAnQ conserve aux Archives nationales à Gatineau plusieurs fonds d’archives contenant certains documents relatifs à ce drame, notamment le fonds Wilfrid Sanche (P106) et la collection Pierre Louis Lapointe (P79). 

OUIMET, Raymond. Une ville en flammes, Hull, Vents d’Ouest, 2e édition. 1997. 334 p.