Connaissez-vous le cométique? N’ayant rien à voir avec la cosmétique, le cométique est un long traîneau tiré par des chiens. Il a été longtemps utilisé sur la Côte-Nord pour le transport de biens, surtout pour la livraison du courrier par les postillons. Une course de traîneaux, ça vous dit?
Une course commémorative hors de l’ordinaire
Lors des célébrations du centenaire du Canada en 1967, plusieurs activités furent organisées aux quatre coins du pays. Même si elle se trouve bien loin de la capitale du pays et des grandes villes, la Côte-Nord n’a pas échappé à la fièvre des festivités.
Une des activités au programme fut la course en cométique organisée par un groupe nord-côtier dont faisaient partie l’Association Jos Hébert et l’administrateur de la Municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent. Cette course se voulait un moyen de faire revivre l’ère de l’acheminement du courrier en cométique et d’honorer le plus illustre postillon de la région, Jos Hébert, qui a livré la « malle » tous les hivers pendant 40 ans, de 1879 à 1919, entre Pointe-aux-Esquimaux (Havre-Saint-Pierre) et Blanc-Sablon.
D’ailleurs, Gilles Vigneault rend hommage à ce légendaire personnage dans sa chanson « Jos Hébert » dans laquelle il raconte que le postillon va « porter des lettres d’amour des gars du Havre-Saint-Pierre aux filles de Blanc-Sablon ».
Du Labrador à Sept-Îles
C’est le 3 mars 1967, au Labrador, que le coup d’envoi fut lancé. Les deux premiers participants, Rendall Flynn et Leslie Chubbs, partirent respectivement de Forteau et de L’Anse-au-Clair. À Blanc-Sablon, les attelages de Harold et Léopold Beaudoin prirent part à la course. William et Georges Hobbs s’engagèrent à Brador. Au fil du parcours, d’autres se joignirent au groupe : Dériasse Monger de Tête-à-la-Baleine, Zacharie Bellefleur d’Unamen-Shipu (La Romaine) et, finalement, Évariste Collard, de Natashquan. Tous devaient se rendre à Sept-Îles, où était fixée la ligne d’arrivée.
Dans les villages, les gens encourageaient les aventuriers en leur offrant des victuailles et, fort probablement, de petites ponces pour réchauffer les cœurs! Des soirées dansantes furent organisées en leur honneur à Havre-Saint-Pierre et à Rivière-au-Tonnerre. Les chiens n’étaient pas en reste. De la viande fut offerte aux membres canins et le docteur Roch Banville, de Sept-Îles, organisa une clinique vétérinaire improvisée dans le garage d’un résident de Havre-Saint-Pierre afin de soigner les blessures et les engelures.
À la rivière Tortue, à l’est de Sept-Îles, les participants furent à court de nourriture. La compagnie minière IOC dépêcha alors un hélicoptère transportant de la viande et diverses denrées afin de nourrir les chiens et leurs meneurs.
Malgré quelques jours de mauvais temps, la course se déroula sans problèmes majeurs. Trois semaines après le départ, le 25 mars, les participants arrivèrent enfin à Sept-Îles. Les hommes et leurs attelages furent accueillis au Palais des sports sous les encouragements des spectateurs et des organisateurs. Une fois la course et les festivités terminées, les participants retournèrent dans leurs villages respectifs en bateau et en avion sur les ailes de Québecair. Qu’est-il advenu des chiens? On raconte que plusieurs auraient été adoptés par des Septiliens.
Vous pouvez consulter les photographies de cette fabuleuse course en vous rendant aux Archives nationales à Sept-Îles.
Cet article est une version révisée d’un texte publié dans le journal Le Nord-Côtier, vol. 15, no 4, mercredi 24 mars 2021, p. 10.
Sources :
Revue Iron Ore, avril 1967, p. 8
L’Avenir and Sept-Îles Journal, 28 février 1967, vol. 26, no 66, p. 1.
L’Avenir and Sept-Îles Journal, 23 mars 1967, vol. 26, no 73, p. 1.
L’Avenir and Sept-Îles Journal, 28 mars 1967, vol. 26, no 74, p. 1.
Revue d’histoire de la Côte-Nord, juin 2017, nos 63-64, p. 87-89.