Avis de recherche! 2/2

Publiés par les services de police, les avis de recherche imprimés lancent un appel au public afin de retracer voleurs, trafiquants, assassins, etc. Dans le deuxième et dernier article de cette série, poursuivons notre exploration de cet univers glauque de chasse à l’homme et d’enfants disparus.

 

Histoire du Québec (1867-1944) Société Affiches et feuilles volantes
Avis de recherche de Hélène Handfield, 10 ans, affiche, 1925.
Avis de recherche de Hélène Handfield, 10 ans, affiche, 1925.

Une enfant enlevée par sa mère, 1925

Avis de recherche de Hélène Handfield, 10 ans, affiche, 1925.
Avis de recherche de Hélène Handfield, 10 ans, affiche, 1925.

Hélène Handfield, alors âgée de 10 ans, a été vue pour la dernière fois au couvent Villa Maria à Montréal en mai 1925. Près de six mois plus tard, un avis de recherche est diffusé à la demande de son père, le docteur J. A. Handfield. Manifestement, les soupçons sont tournés vers Pauline Fréchette, la mère de l’enfant, et on recommande de contacter tous les couvents de l’arrondissement.  On comprend aujourd’hui que la petite Hélène a été retrouvée, bien que l’issue de sa disparation n’ait pas eu d’écho dans les journaux. On y retrace toutefois le parcours de la mère et de sa fille avant et après cet enlèvement présumé.

Née à Montréal, Pauline Fréchette (1889-1943) est la plus jeune fille du poète Louis-Honoré Fréchette et s’intéresse à son tour à la littérature. Elle épouse le docteur J. A. Handfield en 1910. Dans son traité sur l’art d’être mère (1922) et son recueil de poèmes Tu m’as donné le plus doux rêve (1924), elle évoque à quelques reprises, avec intensité, sa fille unique, Hélène.

Pauline Fréchette, L’art d’être une bonne mère, Montréal, Beauchemin, 1922.(1)
Pauline Fréchette, L’art d’être une bonne mère, Montréal, Beauchemin, 1922.(2)
Pauline Fréchette, 
L’art d’être une bonne mère
Montréal, Beauchemin, 1922.

 

Quelques années après le décès de son mari, Pauline devient Sœur Marie-Pauline à Launay-Villiers, en France, chez les Bénédictines de Jésus-Crucifié. Elle meurt en 1943.

Hélène Handfield (1915-1984) n’a pas connu grand-papa Fréchette, décédé en 1908, mais le legs maternel va baliser la suite de son parcours. Dès 1920, les médias la remarquent lors d’un événement-bénéfice organisé par des dames de la bonne société montréalaise au profit de l’Hôpital Français, inauguré cette année-là (futur Hôpital Sainte-Jeanne d’Arc). Présentée comme « la petite-fille de Louis Fréchette, notre grand poète canadien », Hélène joue dans la comédie Les yeux noirs. Elle n’a que cinq ans et est probablement inscrite aux cours d’art oratoire du Conservatoire Lassalle.

 

La Presse, lundi 6 décembre 1920, p. 8.
La Presselundi 6 décembre 1920, p. 8.
La Patrie, lundi 13 décembre 1920, p. 2.
La Patrielundi 13 décembre 1920, p. 2. Dans la photo de groupe, Hélène est dans la 1re rangée, à gauche. Sa mère est assise tout à droite de la 2e rangée.
Hélène et sa mère

 

La vie d’Hélène après 1925

Plusieurs années après l’enlèvement présumé, Hélène Handfield termine ses études classiques en France, à Paris et à Pau. Au printemps 1937, elle épouse Paul Leduc dans la plus stricte intimité, mais le nom d’Hélène Fréchette-Leduc va resurgir dans les médias. Fidèle à la lignée maternelle, elle écrit « de nombreux et jolis textes ». En 1938, l’émission Noël des jouets connaît un franc succès sur les ondes de Radio-Canada, inaugurant une fructueuse carrière d’auteure radiophonique. L’année suivante, elle amorce l’adaptation des contes de son grand-père et de son recueil Originaux et détraqués (1892).

Portrait d’Hélène
Portrait d’Hélène
Portrait de son grand-père
Portrait de son grand-père

                                                    Radiomondesamedi 23 décembre 1939, p.7.

Hélène écrit des contes, des sketches, des « radio-films », remportant la faveur des auditrices avec son roman-fleuve Cœur atout à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Elle adapte des romans et des pièces de théâtre, dont Les Mal-Aimés de François Mauriac. Les textes de ses émissions à caractère historique portent notamment sur Marguerite Bourgeoys, le politicien Honoré Mercier et le centenaire du timbre-poste, sans oublier ses collaborations à divers journaux et revues, notamment Pour vous, Mesdames et La Nouvelle Relève. Vers 1950, elle est également active au sein de l’organisme Les Amis de l’Art qui encourage de jeunes talents.

Couverture (Robert Gadouas et Lucienne Letondal, dans les rôles de Pruneau et Lise)
Le Samedi9 novembre 1946, couverture (Robert Gadouas et Lucienne Letondal, dans les rôles de Pruneau et Lise)
Article en page 6. Radiomonde, samedi 5 mai 1951, p. 11.
Article en page 6. 
Radiomondesamedi 5 mai 1951, p. 11.  
Portrait d’Hélène Fréchette-Leduc.
 Portrait d’Hélène Fréchette-Leduc. 

Quant à son conjoint, Paul Leduc, il est un des pionniers de la radiotélévision canadienne. Il sera directeur dramatique et réalisateur à Radio-Canada jusqu’en 1947. Entre 1952 et 1955, il dirige l’émission quotidienne Le Survenant sur les ondes de CKVL. Il aborde plusieurs registres, des Radio-Carabins (divertissement radiophonique du milieu des années 1940) à La poule aux œufs d’or (la première version de ce jeu-questionnaire télévisuel débute en 1958), en passant par Langue vivante (éducation populaire, avec le linguiste Jean-Marie Laurence, au milieu des années 1960).

Les comédiens Paul Guèvremont et Jean Gascon
Les comédiens Paul Guèvremont et
Jean Gascon à l’émission Radio-Carabins, 22 février 1945. 
Groupe d’amis réunis au domicile de monsieur Paul Leduc
Groupe d’amis réunis au domicile de monsieur Paul Leduc,
24 octobre 1945.

                                Photos : Conrad Poirier. Paul et Hélène sont en 2e et 3position à partir de la droite.

Cinquante ans après sa prestation dans Les yeux noirs, Hélène Fréchette-Leduc marche encore sur les traces maternelles et renoue avec le bénévolat en milieu hospitalier. Elle œuvre d’abord à l’Hôpital Sainte-Justine, puis crée et dirige pendant neuf ans le Service des bénévoles de l’Hôpital Saint-Charles-Borromée. Elle y travaille notamment avec d’ex-détenus. Elle meurt en 1984 à l’âge de 68 ans.

À vous de jouer?

Ces avis de recherche nous mènent parfois sur des sentiers inattendus. Vous voudrez peut-être mener votre propre enquête documentaire autour d’autres avis de recherche diffusés dans BAnQ numérique?

Ou les comparer avec les avis contemporains diffusés sur le Web comme ceux de la Sûreté du Québec?

 

Ange ou voleur?, 1913
Ange ou voleur?, 1913

Cet électricien myope possède deux dents en or, un manteau à col de loutre… et possiblement 500 $ dérobés à la Montreal Light Heat and Power.
Jeune comptable, 1923
Jeune comptable, 1923

Un jeune employé francophone d’une banque montréalaise se serait envolé avec un butin substantiel en argent et certificats de placement.

 

Hôtelier disparu, 1925
Hôtelier disparu, 1925

Cet ancien soldat, hôtelier établi à Saint-Armand dans les Cantons-de-l’Est, a été vu pour la dernière fois, un mois plus tôt, sur la rue Windsor (renommée Peel en 1968).

 

Quatre suspects, 1930
Quatre suspects, 1930

Un certain J. C. Hazelbaker de Pittsburgh a été escroqué de 136 000 $.  Les suspects proviennent de quatre villes différentes et utilisent de multiples pseudonymes.
Vol de banque, 1930
Vol de banque, 1930

Le cambriolage d’une succursale bancaire à Sainte-Anne-de-Bellevue suscite un signalement singulièrement précis. Tour de taille, 32 po; couvre-chef, 7 1/8.
Un récidiviste?, 1930
Un récidiviste?, 1930

Pour l’un des deux suspects dans cette affaire de vol, la Police provinciale du Québec dispose de photos d’identification vieilles de 22 ans.

 

Sur la piste, vers 1930
Sur la piste, vers 1930

Une course de chevaux fictive permet à deux Américains de subtiliser plus de 10 000 $ à un médecin de Chicago.  

 

Trafiquant d’héroïne, vers 1952
Trafiquant d’héroïne, vers 1952

Au début des années 1950, Antonio d’Agostini, alias Michel Sisco, est un des criminels les plus recherchés au Canada et aux États-Unis.

Enfin, si vous souhaitez pousser votre investigation plus loin encore, vous pourrez vous rendre dans l’un des 10 centres régionaux des Archives nationales. BAnQ y conserve 21 kilomètres d’archives judiciaires produites depuis 1644!

N’hésitez pas à partager vos découvertes avec nous à collectionspatrimoniales [at] banq.qc.ca.