Groupe de personnes dans un laboratoire
Augustin Frigon au milieu du groupe du laboratoire de l’École supérieure d’électricité à Paris, 1921. Archives nationales à Montréal, fonds Augustin Frigon (P10011, S1, D5).
Photo : Photographe non identifié

Augustin Frigon : un ingénieur passionné d’électricité et de radiodiffusion

Acquis en 2019, le fonds d’archives de l’ingénieur Augustin Frigon invite à découvrir sa vie, sa formation et ses réalisations professionnelles.

À rayons ouverts Histoire du Québec (1945-1979)

Depuis le milieu du xixe siècle, l’Occident connaît une effervescence portée par les inventions touchant les télécommunications, les transports et le secteur de l’énergie. Bell, Marconi, Edison, les frères Wright, Benz et Tesla s’imposent dans leur domaine respectif. Au Canada, un ingénieur peu connu du public, Augustin Frigon, compte parmi les acteurs importants dans le développement d’un réseau de radiodiffusion pancanadien à partir des années 1930. 

Né à Montréal en 1888, Augustin Frigon termine des études en génie électrique à l’École Polytechnique de Montréal en 1909. Le jeune étudiant saisit déjà l’importance de l’énergie générée par l’électricité et, rapidement, il s’intéresse au potentiel et aux bénéfices de la radiodiffusion. En 1917, l’ingénieur de 29 ans est nommé professeur titulaire d’« électrotechnie » par son alma mater.

Esprit curieux et animé d’une grande soif de savoir, il obtient l’autorisation de son employeur de parfaire ses connaissances à Paris et quitte le Québec en 1920 avec son épouse et ses deux enfants. Deux ans plus tard, il revient au pays après avoir été le premier Canadien français à obtenir un doctorat en sciences appliquées de l’Université de Paris (Sorbonne). En 1923, il devient directeur des études de l’École Polytechnique; une autre première pour un Canadien français.

Reconnu par ses pairs pour ses connaissances technologiques et scientifiques, Frigon siège à la commission royale Aird sur la radiodiffusion (1928-1930). Celle-ci recommande la création d'un réseau d'État qui voit le jour le 2 novembre 1936. D’abord directeur adjoint de CBC/Radio-Canada, il est ensuite directeur général de 1944 à 1951. Il décède à l’été 1952, soit quelques mois avant l’inauguration de la télévision de Radio-Canada.

Outre ses fonctions professionnelles, Augustin Frigon aspire à mettre en valeur les connaissances et les savoirs scientifiques et techniques des Canadiens français auprès du public francophone. En témoigne sa collaboration à la fondation en 1915 de la Revue trimestrielle canadienne, qu’il dirige jusqu’en 1935. En 1923, accompagné notamment de Victor Doré, du frère Marie-Victorin, d’Édouard Montpetit et de Léo Pariseau, Frigon siège au bureau provisoire chargé de jeter les bases de l’Acfas. Puis, alors qu’il est directeur adjoint de CBC/Radio-Canada, il parvient avec Aurèle Séguin à convaincre la société d’État fédérale de créer un canal de diffusion d'émissions de radio éducatives, Radio-Collège. De nombreux intellectuels québécois y participeront entre 1941 et 1956.

« Le commerce de l’électricité doit être administré, non pas dans l’intérêt personnel d’un certain nombre d’individus, mais en vue du bien-être du public en général. »

- Augustin Frigon, Le Devoir, 17 janvier 1936, p. 3

Le fonds d’archives Augustin Frigon offre une incursion dans les champs d’expertise de l’ingénieur. Il illustre ses efforts, d’une part, pour la diffusion et la vulgarisation des connaissances scientifiques et, d’autre part, pour la valorisation des apprentissages techniques. Des documents concernent son parcours de formation constitué de recherches en électricité de même que ses fonctions professionnelles au sein de la firme d’ingénieurs-conseils Surveyer et Frigon et de la commission Aird. Plusieurs autres documents témoignent de son passage en tant qu’administrateur à CBC/Société Radio-Canada de 1936 à 1951.

On découvre aussi dans le fonds Frigon ses textes d’allocutions et de conférences portant sur la formation scientifique et technique qui, grâce à ses talents de vulgarisateur, s’avèrent très accessibles. On dénote son enthousiasme lorsqu’il discourt sur les bénéfices de la radiodiffusion, source de démocratisation des savoirs scientifiques, artistiques ou techniques. Ses archives comportent aussi des épreuves photographiques, dont des portraits et des images saisies lors de voyages professionnels dans l’Ouest canadien, aux États-Unis et en Égypte, ainsi que des documents qui intéresseront les amateurs de recherches sur la famille Frigon.