Au-delà du R-100 : l’aéroport de Saint-Hubert
1er août 1930 au matin. Le spectaculaire ballon dirigeable R-100 entreprend sa manœuvre d’amarrage à la tour de Saint-Hubert. Plusieurs spectateurs, tenus à l’écart de l’aérodrome, observent l’événement à distance. Des milliers d’autres écoutent les détails de l’exploit à la radio. L’image du R-100 amarré à Saint-Hubert restera gravée dans la mémoire du public.
Pourtant, il s’agit de la seule visite d’un dirigeable à l’aéroport de Saint-Hubert. S’il est vrai que le site est avant tout choisi pour servir de terminus à dirigeables, il rayonnera dès ses débuts par d’autres fonctions.
Dès l’automne 1927, le ministère des Postes y met sur pied un service postal aérien. Bien qu’à ses balbutiements, l’aviation permet d’accélérer la distribution du courrier. Le service postal par avion, déjà en activité dans les régions de la Mauricie, de la Côte-Nord et de l’Abitibi, est élargi à la région de Montréal. Désormais, le courrier en provenance d’Europe arrivant par bateau à Pointe-au-Père, près de Rimouski, est acheminé à Saint-Hubert par voie aérienne. L’aéroport s’inscrit dès lors dans une ligne postale transcanadienne incluant notamment Ottawa et Toronto.
Rapidement, le service postal aérien s’étend aux États-Unis. Le 1er octobre 1928, la liaison entre Albany, près de New York, et Saint-Hubert est inaugurée. Le vol en provenance d’Albany est accueilli à Saint-Hubert par une foule de plusieurs milliers de personnes. Des personnalités politiques, dont le maire de Montréal Camillien Houde, sont également sur place pour prononcer des discours d’inauguration.
L’aérodrome de Saint-Hubert est également le théâtre de spectacles aériens (parfois appelés pageants dans les journaux), très populaires au début du XXe siècle. Les premiers spectacles sont organisés à Saint-Hubert dès 1927, mais c’est surtout durant la décennie 1930 qu’ils connaîtront leur âge d’or.
Affiche d’un pageant organisé à l’aéroport de Saint-Hubert. Fifth Annual Canadian Air Pageant..., affiche, Saint-Hubert?, Canadian Air Pageant, 1933.
Pour le public, ces performances sont l’occasion d’apprécier les prouesses aériennes et de découvrir les différents modèles d’avion en démonstration. Par exemple, aux spectacles aériens organisés les 5 et 6 octobre 1929, un programme bien rempli est annoncé : des courses, des concours d’acrobatie, des sauts en parachute et même des combats aériens simulés! Des services spéciaux de transport sont organisés à partir de Montréal pour faciliter les déplacements du public vers l’aérodrome.
En 1941, alors que la Deuxième Guerre Mondiale bat son plein, l’aéroport de Saint-Hubert devient une base militaire. Comme d’autres aéroports du Canada, il est transformé en école de pilotage militaire. Des édifices sont construits en périphérie de l’aéroport pour accueillir les futurs pilotes des pays membres du Commonwealth.
Depuis 1968, le transport civil et les activités commerciales ont graduellement repris à l’aéroport. Encore à ce jour, le site demeure un haut lieu de formation des métiers de l’aviation.
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Sources consultées
Jalbert, Louise, « Les origines de Saint-Hubert », Histoire Québec, vol. 6, no 1, 2000, p. 29-32.
« La plus grande fête aérienne du Dominion », La Patrie, 28 septembre 1929, p. 14.
« Le premier courrier d’Albany à Montréal », La Presse, 1er octobre 1928, p. 1.
« Le tournoi aérien », La Presse, 4 octobre 1929, p. 6.
Poulin, Jeanne, « Les défricheurs du ciel! L’histoire des pionniers de l’air du Québec », Téoros, vol. 14, no 2, 1995, p. 30-31.
Pratt, Michel, « Le R-100 à l’aéroport de Saint-Hubert, en 1930 », Histoire Québec, vol. 7, no 3, 2002, p. 15.
Raymond, Paul-Robert, « Vue aérienne », Continuité, no 162, 2019, p. 20-24.
Thiffault, Pierre, « Survol historique de l’aviation québécoise avant la Seconde Guerre mondiale », Histoire Québec, vol. 16, no 1, 2010, p. 21-26.
YHU Aéroport Montréal Saint-Hubert, YHU voit grand, voit loin, https://cyhu.ca/a-propos/ (consulté en janvier 2023).