Le peintre Jean Paul Riopelle applique une peinture rouge sur la main de Maurice Richard
Rencontre de Jean Paul Riopelle et Maurice Richard, 30 mars 1990. Archives nationales à Montréal, fonds La Presse (P833, S5, D1990-0121-27). Photo : Pierre McCann.

Un cadeau particulier de Jean Paul Riopelle pour Maurice Richard

La scène est surprenante. Maurice Richard, héros du club de hockey Le Canadien de Montréal rencontre l’artiste le plus coté de l’histoire de l’art canadien, Jean Paul Riopelle. Ces deux hommes qui ont dynamisé la vie sportive et culturelle du Québec sont réunis autour… d’une porte.

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Un rendez-vous entre géants

La rencontre se déroule à Sainte-Marguerite du Lac-Masson. Riopelle y a un atelier depuis les années 70, qu’il a dessiné lui-même. C’est un espace vaste, très lumineux, qui donne toute la liberté voulue à l’artiste indissociable du mouvement automatiste et de Paul-Émile Borduas.

Dans l’atelier, Richard et Riopelle sont comme deux amis de longue date. Le journaliste Réjean Tremblay, qui écrit sur la rencontre, dira d’eux qu’ils étaient comme « deux vieux complices » à peine quelques minutes après l’arrivée de Richard.

Une œuvre conjointe

La porte que Riopelle s’apprête à offrir à l’ancien hockeyeur vedette ne sera pas ordinaire : elle sera recouverte de peinture et de motifs au pochoir et portera également la forme des mains des deux hommes en plus de leurs signatures.

Un bâton de hockey aux contours bleus s’ajoute aux formes déjà sur la porte, et puis deux mains se posent sur l'oeuvre naissante : celle de Maurice Richard et celle de Riopelle. L’artiste les asperge de peinture rouge pour en faire des pochoirs. Voilà la signature. Sans surprise, l’œuvre reprend des couleurs bien connues. Bleu, blanc, rouge... 

Tu vois, Maurice, il y a cette raquette pour rappeler l’hiver et ces patins stylisés tout le tour pour rappeler le hockey.

- Jean Paul Riopelle

Une rencontre qui ne date pas d'hier

On apprend dans ce reportage du journal La Presse [hyperlien] que les deux hommes ont pratiquement le même âge (Maurice a deux ans de plus que Jean Paul). Ils ont passé beaucoup de temps à la même patinoire et chérissent les noms de leurs anciens camarades de jeu : les frères Sioui, Cyr le gardien de but... Leur enfance, l’hiver, était invariablement rythmée par le concert des coups de patin.

Je suis né au 4089 Delorimier. Je jouais au hockey au parc La Fontaine et j’allais acheter des cartes de hockey au dépanneur du coin De Lorimier et Gauthier.

- Jean Paul Riopelle

La reconnaissance du public arrivera  plus rapidement pour Maurice Richard qui rejoint dès 1942 le Canadien de Montréal, équipe qu’il marquera de façon indélébile en quelques années grâce à son talent et à sa détermination. Quelques années plus tard, ce sera au tour de Riopelle de faire son entrée dans le grand monde, par sa participation au manifeste Refus global.

Empruntant des trajectoires bien différentes, ces deux comètes ont transformé la société québécoise, par l’excellence dans le sport et par la liberté artistique.

Consulter l'article de La Presse, 31 mars 1990