Une féministe guidée par l’amour et l’engagement social

Ce n’est pas un hasard si la région métropolitaine compte un parc, un CLSC, un centre communautaire, une bibliothèque, une maison d’hébergement pour femmes et des rues au nom de Simonne Monet-Chartrand. Ces honneurs nous rappellent l’héritage marquant de cette femme éprise de justice sociale et de paix qui nous a quitté le 18 janvier 1993.  

Histoire du Québec (1945-1979) Biographies Littérature québécoise Société Politique
Simonne Monet-Chartrand à son bureau vers 1972
Simonne Monet-Chartrand à son bureau vers 1972. Archives nationales du Québec à Montréal. Fonds Antoine Desilets, P697,S1,SS1,SSS18,D020
Photo : Antoine Desilets

Enracinée dans la vie et la communauté

Issue d’un milieu bourgeois, Simonne s’implique dès son adolescence dans la Jeunesse étudiante catholique (JEC). C’est grâce à ce mouvement qu’elle rencontre le jeune Michel Chartrand, typographe-imprimeur de formation. De son côté, il milite déjà contre la conscription obligatoire au sein du Bloc populaire canadien.

Leur mariage est célébré en février 1942 par le chanoine Lionel-Groulx à la Basilique Notre-Dame. Bientôt, le couple s’installe à Longueuil : « Nous occupons enfin seuls, à Montréal-Sud, rue Lafayette, un logement neuf de quatre pièces mais sans chauffage ni téléphone…».

Photo : Photographe non identifié
Michel et Simonne après la naissance de leur première fille Micheline, mars 1943. BAnQ Vieux-Montréal, Fonds Simonne Monet et Michel Chartrand, P839,S8,D174,P1

À la fin des années 40, le couple a déjà cinq enfants, sur un total de sept. Pendant que Michel se livre à des batailles ouvrières telle que la grève de l’amiante en 1949, Simonne garde le fort de la vie familiale malgré une santé fragile. Elle s’implique au sein de sa communauté longueilloise : avec d’autres mères bénévoles de l’École des parents, elle met sur pied, en 1951, la Bibliothèque des enfants dans un local de la rue Saint-Charles. Elle est également invitée à prononcer des conférences dans des groupes de femmes.

La famille s’installe en 1951 sur la rue Ste-Anne à Varennes, puis dans une grande maison de ferme à Boucherville, face au fleuve Saint-Laurent. Simonne est charmée et inspirée par le mouvement de l’eau incessant, qui lui rappelle ses étés en famille à Beloeil.

En 1966, la famille déménage dans son dernier repère tranquille, face à la rivière Richelieu, dans la municipalité du même nom.

Photo : Photographe non identifié
Le jeune couple et leurs deux premières filles, Micheline et Hélène, devant leur logement de la rue Ste-Hélène à Longueuil, mars 1944. BAnQ Vieux-Montréal, Fonds Simonne Monet et Michel Chartrand, P839,S8,D177

Engagée pour la justice

Les longues absences de Michel au profit de luttes syndicales ne freinent pas la fougue de cette pionnière du féminisme québécois. Alors que celui-ci défend les grévistes des usines de Shawinigan, Simonne soutient les femmes des ouvriers. S’enchainent par la suite un nombre incalculable de projets : Recherche et rédaction pour des émissions à Radio-Canada, chroniques dans des magazines, textes de conférences, soutien à des syndicats d’enseignants, etc. Elle est la co-fondatrice d’organismes dédiés à la défense des droits des femmes, comme la Fédération des femmes du Québec, et se lie notamment à l’Union des familles et la Ligue des droits et libertés.

Photo : Antoine Désilets
Dans le contexte de la crise d’octobre de 1970, Simonne montre un article sur le prix 1969 de la revue Liberté remis à Michel Chartrand. BAnQ Vieux-Montréal, Fonds Antoine Desilets, P697,S1,SS1,SSS18,D20.

Ce parcours de vie exceptionnel s’inscrit dans la trame de fond d’un Québec en profond changement. Des années quarante au tournant du 21e siècle, Simonne et son amoureux de toujours se sont battus sans relâche pour les droits humains.

Sources consultées

Le centre des Archives nationales à Montréal (BAnQ Vieux-Montréal) possède plusieurs documents en lien avec le couple Chartrand-Monet dont un dossier « Michel Chartrand, syndicaliste », dans le Fonds Antoine Desilets (P697) ainsi que le Fonds Simonne Monet et Michel Chartrand (P839)

Cet article a d'abord été publié dans Le Courrier du Sud  le 20 décembre 2022.