Famille devant une maison
Famille du notaire François-Samuel Mackay et d’Aurélie Papineau devant une maison de bois, [189?]. Archives nationales à Gatineau, fonds François-Samuel Mackay (P71, S2, D133)
Photo : Photographe non identifié

«Ma chère bonne à rien…» ou souvenirs d’amitié

Bien que les portraits d’époque donnent l’impression que nos ancêtres étaient des gens sérieux, leur correspondance personnelle peut nous dévoiler l’envers du décor. Dans les lettres d’Aurélie Papineau et de Louisa Trudeau, on découvre un quotidien empreint d’humour et surtout une grande amitié.

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Qui sont Aurélie Papineau et Louisa Trudeau?

Mais qui sont Aurélie Papineau et Louisa Trudeau?

Aurélie est la fille de Denis-Benjamin Papineau, seigneur du fief de Plaisance. Louisa est sa cousine. Les deux étudient au Collège Saint-Joseph à Montréal avant qu’Aurélie ne retourne chez elle à Papineauville.

Les deux cousines vont échanger une volumineuse correspondance sur plus de 25 ans, soit de 1846 à 1872. À la lecture de leurs lettres, on découvre non seulement le quotidien de deux femmes de la bourgeoisie, mais aussi une merveilleuse amitié marquée par l’humour et l’espièglerie.

Amour et confidences

Dans leurs premiers échanges, les jeunes filles se parlent surtout de leurs amours. Par exemple, dans une de ses lettres, Louisa, qui doit avoir environ 17 ans, fait allusion à des confidences reçues de sa cousine au sujet d’un dénommé Sam qui plaisait bien à Aurélie. Avec raison, puisqu’à la lettre suivante, Louisa félicite son amie pour son mariage à venir, d’une manière toute particulière.

La lettre commence par une belle introduction : « Ma chère bonne à rien, Il est donc vrai que tu te décides à franchir la grande barrière. Je te félicite sur ton courage et quoique je ne te désapprouve pas, j’aime mieux que ce soit toi que moi. Tu fais bien. Selon toutes les apparences, tu en as rencontré un de plus drôle que toi ma sorcière! » Louisa poursuit sa lettre ainsi : « Je puis te demander cela comme amie et je te promets de n’en pas parler, mais je crois que tu l’as demandé en mariage toi-même. Car, je ne crois pas qu’un aussi joli garçon que lui aurait pensé tout seul à te faire la question, toi, si mal servie par la nature. »

Photo : Studio Notman
Aurélie Papineau épouse François-Samuel Mackay le 25 janvier 1848. Ce dernier est notaire et deviendra plus tard juge de paix à Papineauville. Archives nationales à Gatineau, fonds Familles Mackay-Papineau (P17, S10, D1, P30). Photographe : Notman. Détail.

Louisa rit d’ailleurs autant d’elle-même et de sa corpulence: « Tu parles de ta chère moitié. Lorsque je me marierai, je ne pourrai pas dire cela, car je serai ses trois quarts. Je me propose d’en prendre un petit. » Les échanges entre les deux amies vont se poursuivre pendant de nombreuses années. Louisa affirme qu’elle restera vieille fille toute sa vie. Néanmoins, elle épouse finalement Augustin Papineau, le frère d’Aurélie.

Nos ancêtres étaient-ils vraiment plus sages?

Après le mariage, la nature de la correspondance change puisque les deux amies ont de nouvelles responsabilités. Elles vont plutôt écrire au sujet de leurs enfants, de leurs maris, de leurs voyages et de leur quotidien. Ce qui ne les empêche pas de s’amuser de temps en temps, comme en témoigne cet extrait d’une lettre de Louisa : « Si j’écris mal, ce n’est pas de ma faute. J’ai pris un petit coup. N’en parle pas à personne. Pourtant je bois beaucoup moins depuis que tu n’es pas en ville. » La preuve que nos ancêtres n’étaient peut-être pas plus sages que nous finalement!

Pour plus d’informations

Pour voir toutes les lettres, nous vous invitons à venir aux Archives nationales à Gatineau pour consulter les fonds Familles Mackay-Papineau et Famille François-Samuel Mackay. Ça en vaut le déplacement!

Cet article est une version révisée d’un texte publié dans le blogue Instantanés de BAnQ, le 2 octobre 2020, sous le titre « Souvenirs d’amitié : Aurélie Papineau et Louisa Trudeau ».