Ludmilla Chiriaeff en trois temps

Le 10 janvier 2024, la grande chorégraphe, danseuse et femme d’affaires Ludmilla Chiriaeff aurait eu 100 ans. Voici une mise en lumière de trois projets marquants dans la carrière de la fondatrice des Grands Ballets Canadiens. 

Arts vivants Histoire du Québec
Ludmilla Chiriaeff pratiquant une chorégraphie avec une pianiste
Ludmilla Chiriaeff lors d’une répétition du film Danse solitaire de Georges Freedland. 1949. Archives nationales à Montréal, fonds Ludmilla Chiriaeff (P952, S1, SS1, D9). Photographe non identifié.

Une «Danse solitaire» au cinéma

Après la Deuxième Guerre mondiale, Ludmilla Chiriaeff quitte l’Allemagne pour s’installer en Suisse. Elle danse dans un premier court métrage dont elle conçoit la chorégraphie, Danse solitaire. Ce film du réalisateur Georges Freedland dure 31 minutes et a été tourné en France et en Suisse. Les élèves de son école de danse de Genève ont également participé au court métrage. 

La biographe Nicolle Forget, dans son livre Danser pour ne pas mourir, rapporte le résumé suivant, trouvé dans un catalogue de courts métrages : « Une petite orpheline qui admire une danseuse tente de la rejoindre, mais son tuteur l’en empêche ». 

Ludmilla Chiriaeff racontera avec émotion à sa biographe qu'à son arrivée au Canada en 1952, dans un Montréal enneigé, elle vit son nom en grosses lettres sur la marquise d’un cinéma qui diffusait le film Danse solitaire.

«Cendrillon» sur les ondes de Radio-Canada

Peu après son arrivée au Canada, Ludmilla Chiriaeff poursuit sa carrière de chorégraphe et de danseuse à l’écran. Un réalisateur de Radio-Canada, Jean Boisvert, lui demande une chorégraphie de Tzigane pour une émission pilote. Le 1er septembre 1953, Ludmilla Chiriaeff apparaît pour la première fois à la télévision de Radio-Canada. Jean Boisvert est satisfait de sa performance et lui fait miroiter la possibilité de faire un ballet par mois. 

Le 27 juin 1954, l’adaptation pour la télévision du ballet Cendrillon remporte un tel succès que la Société Radio-Canada accorde à Ludmilla Chiriaeff une demi-heure d’antenne chaque mois. Elle concevra des émissions telles que L’heure du concert, diffusée en français et en anglais à travers tout le Canada. 

Entre 1952 et 1957, Ludmilla Chiriaeff signera 133 chorégraphies différentes pour Radio-Canada. Elle produira également une deuxième version de Cendrillon pour les Grands Ballets Canadiens en 1962.

Le «Tommy» des Grands Ballets Canadiens

Le succès de l’adaptation en ballet de Tommy, du groupe rock anglais The Who, est sans précédent pour les Grands Ballets Canadiens. C’est Fernand Nault, chorégraphe et proche collaborateur de Ludmilla Chiriaeff, qui en a l’idée en 1970. Sous la direction de Ludmilla Chiriaeff, en pleine crise d’Octobre, Tommy est présenté pour la première fois à la Place des Arts le 16 octobre 1970. Tommy se démarque des ballets classiques offerts au public depuis la création des Grands Ballets. Les représentations à Montréal ainsi qu’en tournée attirent un public jeune, dans lequel on voit bien plus d’hommes que d’habitude.

 Ce succès grandiose permettra aux Grands Ballets Canadiens d’offrir pour la première fois un abonnement annuel au public.

BAnQ conserve les fonds de Ludmilla Chiriaeff (P952), des Grands Ballets Canadiens (P954), de Fernand Nault (P738) et de plusieurs autres collaborateurs de Mme Chiriaeff.

Sources consultées

Fonds Ludmilla Chiriaeff (P952), Archives nationales à Montréal. 

Fonds Grands Ballets Canadiens (P954), Archives nationales à Montréal. 

FORGET, Nicolle. Chiriaeff - Danser pour ne pas mourir. 2006. 

HOWE-BECK, Linde. «Ludmilla Chiriaeff», L’Encyclopédie Canadienne.

« Ludmilla Chiriaeff, la chorégraphe, danseuse et fondatrice des Grands Ballets Canadiens », Aujourd’hui l’histoire, 22 mars 2023.