Cette fiche s’adresse au personnel des bibliothèques à la recherche d’information fiable concernant la technologie RFID (Radio Frequency IDentification), son utilité en bibliothèque et les éléments à considérer lors de son adoption.
Devant l’engouement pour la RFID, vous vous demandez peut-être si vous devriez faire le saut en adoptant cette technologie. Cette fiche vous offre l’expérience de BAnQ en la matière et effectue un tour d’horizon parsemé de conseils pour vous aider à prendre une décision éclairée.
- Définition
La technologie RFID permet d’identifier un objet, de collecter et modifier l’information le concernant et d’intégrer ces informations dans une base de données, le tout sans intervention humaine. Composée d’un lecteur et d’une étiquette, la RFID utilise les ondes radio pour transmettre les données de façon bidirectionnelle, soit de l’étiquette au lecteur et inversement. L’étiquette comprend une puce, où est stockée l’information, et une antenne, qui reçoit et transmet cette information. Le lecteur peut quant à lui prendre une multitude de formes (bornes, portiques, lecteurs portatifs, etc.).
La technologie RFID possède plusieurs avantages :
- Contrairement aux codes-barres, l’interaction entre l’étiquette et le lecteur ne requiert pas une proximité optique. Une proximité physique plus ou moins grande, en fonction de la force du signal émis par la puce, est toutefois nécessaire.
- L’étiquette peut contenir plus d’informations que le code-barres.
- L’étiquette peut être reprogrammée et réutilisée.
- L’étiquette est résistante à la chaleur, à l’eau et à l’usure.
- Cette technologie regroupe les fonctionnalités des codes-barres et des bandes électromagnétiques, ce qui réduit le nombre d’opérations lors du traitement.
- À la Grande Bibliothèque, la technologie RFID génère 75% moins de fausses alarmes que les bandes électromagnétiques utilisées auparavant.
La RFID est utilisée en bibliothèque pour aider à l’accomplissement de quatre fonctions :
1. Prêt/retour en libre-service
Permet aux usagers d’emprunter et de retourner leurs documents sans passer par le comptoir. Le système RFID communique avec le SIGB qui effectue automatiquement la gestion des restrictions lors du prêt (âge, limite d’emprunt, type de documents, etc.) et identifie les documents réservés lors du retour.
Avantages
- Améliore la fluidité des opérations de prêts/retours.
- Augmente la confidentialité des transactions; l’usager peut emprunter/retourner un document sans le présenter à un employé.
- Permet la lecture simultanée de plusieurs documents. Cette fonctionnalité dépend toutefois du SIGB de la bibliothèque et de l’application utilisée par les bornes de prêt.
- Permet aux usagers d’être plus autonomes.
- Réduit les tâches manuelles au comptoir effectuées par le personnel et les troubles musculo-squelettiques qui y sont associés.
- Réduit le nombre de tâches redondantes et libère le personnel pour répondre aux besoins plus complexes des usagers.
2. Sécurité
Lors du prêt, le statut « Emprunté » est activé sur l’étiquette. À la sortie de la bibliothèque, les lecteurs des portiques activent l’étiquette et confirment le statut (emprunté ou non emprunté) du document.
Avantages
- Améliore le traitement des documents faisant sonner l’alarme puisque le commis au comptoir peut identifier à distance, sur son poste informatique, le statut de chaque document identifié par les portiques.
- Contribue à prévenir les vols, car l’étiquette peut être dissimulée dans le document ou sous sa reliure.
3. Gestion des rayons
Utilisation d’un lecteur portatif lisant l’information des étiquettes RFID des ouvrages sur les rayons sans que le commis ait à les en retirer. Cette fonctionnalité dépend toutefois du type de lecteur utilisé. Dans plusieurs cas, il faudra tout de même retirer les documents pour éviter des problèmes d'interférence entre les puces.
Avantages
- Facilite la lecture de rayons et le repérage de documents à élaguer.
- Réduit le nombre de tâches redondantes et libère le personnel pour répondre aux besoins plus complexes des usagers.
4. Localisation des documents
Permet la géolocalisation des documents à l’intérieur de la bibliothèque. Il s’agit d’une fonctionnalité actuellement en développement. Certains modèles expérimentaux peuvent repérer un document avec une marge d’erreur de quelques centimètres seulement.
Avantage
- Facilite le repérage des documents introuvables.
Le passage à la technologie RFID n’est cependant pas sans certains inconvénients qu’il faut considérer avant d’entreprendre ce projet.
- L’usage de la RFID est plus coûteux que l’utilisation de codes-barres et de bandes électromagnétiques. En plus du coût du matériel de lecture (portiques, bornes, lecteurs portatifs) et des étiquettes, il faut considérer les coûts d’implantation, d’entretien, de formation du personnel et des usagers, en plus de l’acquisition d’une infrastructure logicielle compatible.
- Plusieurs sources d’interférences nuisent à la transmission d’informations entre l’étiquette et le lecteur (métaux, appareils électroniques, nombreuses étiquettes à proximité les unes des autres). C’est pourquoi il est conseillé de placer un amplificateur de signal dans les documents audiovisuels.
- Certains professionnels et usagers ont déjà manifesté leur inquiétude quant à la protection des données confidentielles dans une bibliothèque utilisant cette technologie. Les étiquettes RFID pouvant être lues par n’importe quel lecteur, certains craignent que des informations bibliographiques et personnelles puissent être interceptées par n’importe qui possédant un lecteur RFID. C’est pourquoi il est conseillé de limiter les informations contenues dans les étiquettes, de les entrer sous forme de codes et de conserver les informations de nature confidentielle dans la base de données du SIGB. Les puces utilisées en bibliothèque respectent d’ailleurs certaines fréquences qui ne peuvent être lues par n’importe quel lecteur RFID.
- Certains professionnels et usagers ont déjà manifesté leur inquiétude quant à l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé. Cela dit, aucun impact n’a pu être démontré à ce jour. La faible fréquence utilisée en bibliothèque, 60 fois moins puissante que celle des téléphones cellulaires, et l’exposition limitée des usagers et du personnel sont autant de précautions prises pour protéger la santé de tous.
Les étiquettes RFID peuvent être de tailles, de compositions et de puissances différentes.
Voici quelques conseils pour guider votre choix.
- Il existe différents formats d’étiquettes pour différents types de documents (CD/DVD, livres, etc.). Assurez-vous que l’ensemble de votre collection de prêt peut être adéquatement étiqueté.
- Différents matériaux peuvent être utilisés. Privilégiez les puces en cuivre plutôt qu’en aluminium pour une transmission optimale de l’information.
- La capacité de stockage peut varier : 1024 bits sont généralement suffisants.
- La fréquence HF 13,56 MHz est un standard dans les bibliothèques nord-américaines. Elle permet au lecteur de lire les étiquettes dans un rayon d’approximativement 50 cm.
- La distance de lecture varie en fonction de la fréquence utilisée, de la taille de l’étiquette, des sources d’interférences, de la présence d’amplificateurs dans l’étiquette et du type de lecteur utilisé.
- L’étiquette peut être de deux types :
- Actif :
- Possède sa propre source d’alimentation (pile).
- Durée de vie limitée.
- Génère constamment des ondes électromagnétiques.
- Plus coûteux qu’une étiquette de type passif.
- Passif :
- Activé uniquement au passage d’un lecteur.
- Ne génère des ondes électromagnétiques qu’au moment de son activation.
- Sans pile.
- Plus léger.
- Réinscriptible.
- On privilégie généralement l’utilisation d’étiquettes de type passif en bibliothèque.
- Actif :
Le respect des normes ISO facilite le PEB et permet de rester indépendant de son fournisseur. Les normes concernant la RFID en bibliothèque sont :
- ISO 15963 : Définit l’identification unique des étiquettes RFID.
- ISO/IEC 18000-3 : Définit les paramètres de communication entre le lecteur et l’étiquette.
- Application Family Identifier (AFI) : Lié à la norme ISO 18000-3, indique au lecteur si l’étiquette identifie un document appartenant à une bibliothèque.
- ISO 28560-1 à 28560-4 : Définit l’utilisation de la technologie RFID dans les bibliothèques.
- Décrit entre autres 25 éléments pouvant être programmés sur l’étiquette.
Vous avez fait votre choix et vous souhaitez passer à la technologie RFID? Nous suggérons de considérer les points suivants lors de la planification du projet :
- Impliquer l’ensemble du personnel dans la concertation. Ce changement technologique implique des modifications importantes dans toutes les opérations de la chaîne documentaire.
- Procéder à un élagage rigoureux des collections avant le passage à la RFID.
- Exiger une garantie minimale sur les étiquettes de 10 ans ou 100 000 transactions.
- Demander des échantillons d’étiquettes avant de signer un contrat avec un fournisseur et les tester sur les différents types de documents de votre collection.
- Considérer passer à la pose d’étiquettes rapidement, quitte à opérer un modèle hybride code-barres/RFID pendant une période de transition plus ou moins longue.
- Évaluer la pertinence de conserver les codes-barres sur les documents, comme solution de rechange en cas de défectuosité de l’étiquette.
- S'assurer de l’interopérabilité des infrastructures logicielles RFID avec votre SIGB.
- Réaménager les espaces en fonction de l’utilisation que vous ferez de la RFID.
- Par exemple, l’utilisation de bornes de prêt en libre-service mène généralement à une réduction du comptoir de prêt et à l’aménagement d’un hall stratégiquement organisé pour favoriser l’utilisation du libre-service, non loin des commis disponibles pour offrir un soutien.
- Par exemple, l’utilisation de bornes de prêt en libre-service mène généralement à une réduction du comptoir de prêt et à l’aménagement d’un hall stratégiquement organisé pour favoriser l’utilisation du libre-service, non loin des commis disponibles pour offrir un soutien.
- Établir une procédure de pose d’étiquettes rigoureuse. Cette étape est cruciale pour assurer le bon fonctionnement de cette technologie et, ultimement, la satisfaction des usagers. Pensez notamment à :
- Planifier des périodes de pose et d’encodage des étiquettes par les commis d’une durée maximale de deux heures.
- Effectuer l’encodage loin des plaques RFID pouvant interférer avec le processus.
- Faire des tests lors de la pose d’étiquettes sur des documents audiovisuels ou en plusieurs pièces pour vous assurer de la qualité du signal entre les étiquettes et le lecteur.
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- Ministère de la Culture et de la Communication [France], Boîte à outils du numérique en bibliothèque – L’identification par radio-fréquence (RFID), (consulté le 22 décembre 2021).
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- POUILLIAS, Marie-Thérèse, « RFID et bibliothèques », Bulletin des bibliothèques de France, no 5, 2005, p. 56-60.
Mise à jour: 8 septembre 2022