Plusieurs romans portant sur les sorcières.
Photo : Stéphane Viau

Littérature sorcière et pouvoir féminin

Considérées pendant des siècles comme suspectes et dangereuses, les femmes dites sorcières étaient souvent celles qui détenaient des savoirs particuliers. En soignant ou en conseillant, elles sortaient des rôles traditionnellement réservés aux femmes et inquiétaient les autorités.

Littérature

C’est à la construction misogyne qui s’est cristallisée durant les chasses aux sorcières de la Renaissance que le féminisme a voulu répondre. En se réappropriant aujourd’hui la figure de la sorcière, les femmes affirment leur force et leur vulnérabilité, leur liberté et leur indépendance, tout en créant un monde plus inclusif.

Le tour d’horizon que nous vous proposons comprend des livres de tous genres disponibles dans les collections de la Grande Bibliothèque. Ils vous feront découvrir des figures mythologiques, des personnages historiques ou inventés, des créatrices et des philosophes, toutes associées aux pouvoirs des sorcières! 

Des essais et des documentaires

La parole sorcière – Littérature, magie, émancipation, d’Eve Martin Jalbert 

C’est à une traversée de textes inspirants et diversifiés que nous convie ce livre. Eve Martin Jalbert cherche dans les mots d'auteurs et d’autrices comme Virginia Woolf, James Baldwin, Louky Bersianik ou Toni Morrison des « paroles sorcières ». C’est ainsi qu’elle suit le fil d’une sorcellerie qui s’exprime dans le langage et qui vise à libérer la vie et ce qui l’oppresse.  

Sorcières – La puissance invaincue des femmes, de Mona Chollet 

Un essai qui se lit comme un roman! La journaliste interroge le lien entre la figure de la sorcière et les préjugés sur la femme indépendante et libre d'aujourd'hui. Plusieurs thèmes y sont abordés, comme l'âge et la maternité. Une lecture qui nous fait dire : nous sommes toutes des sorcières et fières de l'être! 

Rêver l'obscur – Femmes, magie et politique, de Starhawk 

Sorcière, philosophe et militante, Starhawk est une figure marquante de l’écoféminisme, qui associe oppression des femmes et exploitation de la nature. Dans cet essai, elle explique comment le langage est un pouvoir qui peut être associé à la magie. Surtout, elle expose une nouvelle manière de concevoir le pouvoir : le « pouvoir-du-dedans », qui prend sa force dans l’immanence et l’interconnexion des êtres. 

À lire aussi

Sorcières – Les femmes vivent (revue)

Sorcière, d’Alix Paré 

Caliban et la sorcière – Femmes, corps et accumulation primitive, de Silvia Federici 

Le sabbat des sorcières, de Carlo Ginzburg

Sorcières! disent-ils, de Juliette Ihler et Singeon (bande dessinée) 

Du théâtre et de la poésie

La nef des sorcières, d’un collectif composé de Luce Guilbeault, Marthe Blackburn, France Théoret, Odette Gagnon, Marie-Claire Blais, Pol Pelletier et Nicole Brossard 

Présentée pour la première fois au Théâtre du Nouveau Monde le 5 mars 1976, La nef des sorcières est une œuvre marquante pour l’écriture des femmes au Québec. La pièce présente six monologues de femmes : l’actrice, la ménopausée, l’ouvrière, la fille, la lesbienne et l’écrivaine. Six monologues représentant l’isolement, mais aussi la prise de parole des femmes. Six monologues qui, présentés ensemble, permettent de porter sur la place publique ce qui oppresse les femmes dans le privé, faisant de l’intime l’universel. 

Je serai le feu, de Diglee 

« Si l’on m’aborde, je serai le feu. » - Claude de Bruine 

Les femmes poètes qui ont gravi les échelons de la renommée littéraire se comptent sur les doigts d’une main. Maureen Wingrowe, alias Diglee, relève le défi de rassembler dans une anthologie des poètes de l’ombre et de déposer leur poésie aux côtés de textes de femmes dont on reconnaît le verbe. Ainsi, Catherine Voyer-Léger, Laura Kasischke et Joumana Haddad y côtoient Sylvia Plath, Anaïs Nin et Emily Dickinson. Elles sont 50, rassemblées en huit sororités, ces filles de la lune, ces consumées, ces alchimistes du verbe, ces magiciennes, ces insoumises, ces excentriques, ces prédatrices et ces mélancoliques. Et que dire des illustrations, dessinées de la main même de Diglee, faites d’encre de lune et de cristaux, qui insufflent une aura mystique aux poèmes? 

À lire aussi

Circé – Poèmes d'argile, de Margaret Atwood 

Des romans et des nouvelles

Ta mère est une sorcière, de Rivka Galchen 

Katharina Kepler, la mère du célèbre mathématicien et astronome allemand Johannes Kepler, a échappé de peu au bûcher après avoir été accusée, en 1618, d’être une sorcière. C’est ce personnage attachant et haut en couleur que reconstitue l’autrice américano-canadienne Rivka Galchen. Katharina est veuve, vit seule et est un peu guérisseuse. Avec son intelligence vive, elle suscite l’envie de la petite communauté de Leonberg à une époque marquée par la guerre et la peste. Un roman historique dynamique et vivant qui reconstitue de manière convaincante l’engrenage des chasses aux sorcières.

Le temps des sorcières, d’Alix E. Harrow 

Roman fantastique sur fond de sororité et de solidarité féminine. En 1893, les sœurs Eastwood forment un groupe de suffragettes et de sorcières dont le but est que les femmes prennent leur place dans ce monde où le pouvoir est réservé aux hommes. 

Moi, Tituba, sorcière…, de Maryse Condé

Tituba était une femme noire et une esclave habitant à Salem au XVIIe siècle. Elle a été accusée de sorcellerie avec plusieurs femmes blanches. L’histoire des sorcières de Salem est connue entre autres grâce à la pièce de théâtre d’Arthur Miller, Les sorcières de Salem. Or, cette pièce de théâtre, et l’Histoire de manière générale, ont gardé dans l’ombre la figure de Tituba. C’est donc à cette oubliée, qui a été condamnée injustement, que Maryse Condé a décidé de redonner une voix dans ce qui est assurément un très grand roman.  

VenCo, Cherie Dimaline 

Le nouveau roman de Cherie Dimaline, autrice canadienne de la nation métisse de la baie Georgienne, est une histoire de sorcières. L’orpheline Lucky St-James reçoit un appel la désignant comme la sixième d’un cercle de sept sorcières dont la magie doit redonner aux femmes leur juste pouvoir. En compagnie de Meena, une des plus puissantes sorcières d’Amérique, elle part à la recherche de la septième sorcière du cercle. Son périple la mènera jusqu’à la Nouvelle-Orléans où elle devra affronter un redoutable chasseur de sorcières.

The Women Could Fly, de Megan Giddings

Josephine Thomas se demande ce qui est arrivé à sa mère, disparue depuis plusieurs années. Dans un monde dystopique où les sorcières existent, les femmes, et en particulier les femmes noires, sont d’emblée suspectes et peuvent facilement être accusées. Alors qu’elle doit faire face à l’obligation de se marier, Josephine trouvera en elle un pouvoir lui permettant de retrouver le lien avec sa mère.

À lire aussi

Les graciées, de Kiran Millwood Hargrave 

Les enfants du sabbat, de Anne Hébert 

Strega, de Johanne Lykke Holm 

Zodiaque, d’un collectif sous la direction d'Ariane Lessard (Balance) et Sébastien Dulude (Balance) 

La sorcière, de Marie Ndiaye 

Le complexe de la sorcière, d’Isabelle Sorente 

L'été de la sorcière, de Nashiki Kaho 

The Year of the Witching, de Alexis Henderson 

Her Majesty's Royal Coven, de Juno Dawson 

Witches, de Brenda Lozano 

Circe, de Madeline Miller 

The Witches of New York, de Ami McKay 

Bindle Punk Bruja, de Desideria Mesa 

Conjure Women, d’Afia Atakora

Pour les jeunes

All Our Hidden Gifts, de Caroline O'Donoghue 

Cartes de tarot et disparition mystérieuse seront au rendez-vous dans ce roman pour les ados. (En français malgré le titre en anglais. Version originale anglaise aussi disponible.) 

À lire aussi

L'éveil des sorcières, de Cordélia 

La série Akata Witch, de Nnedi Okorafor 

Cemetery Boys, d’Aiden Thomas 

Poursuivez la découverte! Consultez d’autres articles soulignant la Journée internationale des droits des femmes :

Ces femmes qui voulaient voter

Premières! De Claire Kirkland-Casgrain à Kateri Champagne Jourdain