Pylônes électriques endommagés pendant la crise du verglas, 1998
Pylônes électriques endommagés pendant la crise du verglas, 1998. Archives nationales à Montréal, fonds La Presse (06M, P833, S4, D539), Photographe non identifié.

La crise du verglas a 25 ans

Il y a 25 ans, le début de l’année 1998 était particulièrement éprouvant pour des centaines de milliers de Québécois alors qu’une tempête exceptionnelle figeait le sud du Québec sous une glace épaisse. Comment cette crise a-t-elle été rapportée par les journaux de l'époque ?    

Histoire du Québec (1980 à aujourd’hui) Environnement

Un manteau de glace sur la Montérégie et le sud du Québec

Du 5 au 9 janvier 1998, une pluie verglaçante s’abat sur l’ensemble du territoire du nord-est américain, dont le Québec. Elle laisse derrière elle une enveloppe glacée de 50 mm à 80 mm au sol de même que sur plusieurs structures : lignes électriques, routes principales et secondaires, maisons, bâtiments industriels et agricoles, etc.  

Le 7 janvier 1998, plusieurs journaux font état de la paralysie qui s’empare de pratiquement tout le sud du Québec. Le Devoir parle de « La ville figée dans le cristal». Le journal Le Droit  compare la situation à « Un enfer de glace ». « Un verglas historique » d’ajouter La Presse.

Peu importe où se rendent les journalistes, le paysage est le même : branches cassées, pylônes écrasés, câbles électriques tombés, routes impraticables. Le coup d’œil est spectaculaire, mais il ne fait pas oublier les dangers qui guettent à chaque détour. Par-dessus tout, on craint le froid, le manque de nourriture et le manque d’eau, si bien que 100 000 personnes reçoivent l’ordre d’évacuer leur domicile. On déplorera par la suite 30 décès attribués à la crise.     

Une grande noirceur

Le 8 janvier, face à l’imposante panne de courant qui affecte le sud du territoire, le Gouvernement du Québec déclare l’état d’urgence. En quelques jours, l’absence d’électricité provoque une série de problèmes touchant les services essentiels : télécommunication, transport, services bancaires et eau potable.   

Au pire de la crise, du 10 au 15 janvier, jusqu’à 1,4 million de foyers sont sans électricité. Le rétablissement du courant s’avère long et périlleux. Le territoire compris entre Saint-Hyacinthe, Granby et Saint-Jean-sur-Richelieu, auquel on donnera le nom de « Triangle noir » (ou « Triangle de glace ») ne retrouvera l’électricité complètement que vers le 6 février.

Pour venir à bout de la crise, notamment pour dégager les routes et accélérer la remise en marche du réseau électrique, le gouvernement fait appel à l’armée canadienne, qui déploiera 16 000 soldats. D’un peu partout au pays, des monteurs de ligne viennent prêter main-forte aux équipes d’Hydro-Québec.   

De la lumière dans les ténèbres

Dans l’adversité, la société québécoise dévoile un de ses plus remarquables visages : celui de la solidarité, de l’entraide et du courage. Les journaux de l’époque rapportent de nombreux exemples de partage de ressources pour subvenir aux besoins en chauffage et en nourriture.

La Voix de l’Est publie une liste des hébergements d’urgence pour les municipalités autour de Granby. Le journaliste Robert Gosselin propose également des « Règles de sécurité à observer » : éviter de circuler à la noirceur, ne pas utiliser d’appareils de camping à l’intérieur, préparer un baluchon contenant l’essentiel en cas où il faudrait quitter son domicile, etc. Le Devoir publie lui-aussi un « cours de survie 101 » pour les résidents sans électricité.

La crise du verglas est un événement sans précédent dans l’histoire du Québec. Elle a mené à une réflexion sur les conséquences des catastrophes naturelles et sur les meilleures façons de s’y préparer.

 

Sources consultées 

Toutes les photographies de ce billet proviennent du Fonds La Presse (P833, S4, D539) aux Archives nationales à Montréal.

Consulter le rapport produit par le ministère de la Sécurité publique du Québec : Tempête de verglas (1998), Québec, Sécurité publique Québec, 2006.

Consulter 5 janvier 1998. Début de la crise du verglas sur le site Les lignes du temps du Québec.

Voir la caricature d'André-Philippe Côté publiée dans le Journal Le Soleil le 15 janvier 1998.  

Hydro-Québec présente une exposition en ligne sur les événements : Janvier verglacé (1998).