Coups de cœur d’archivistes
Beaucoup de boîtes sont ouvertes aux Archives nationales du Québec en une année ! Trois archivistes partagent avec vous des documents qui ont attiré leur attention pour leur beauté, leur histoire étonnante ou les souvenirs qu’ils évoquent.
Le troisième lien en 1946
La question d’un troisième lien entre Québec et Lévis n’est pas un sujet nouveau. À preuve cette esquisse de 1946 du fonds du ministère des Transports. Le choix de ce croquis n’est pas anodin. Il évoque ce que j’aime le plus dans mon travail : quand les archives font le pont avec l’actualité ! On y voit également le château Frontenac, un symbole emblématique de la ville de Québec et qui me rappelle le temps où je pouvais admirer, de ma cuisine, le fleuve Saint-Laurent et le pont Pierre-Laporte.
Audrey Bouchard, archiviste aux Archives nationales à Québec
Esquisse d’un pont entre Québec & Lévis par Joseph Vallières, 1946. Archives nationales à Québec, fonds Ministère des Transports et de la Mobilité durable (E23, D224-4241, P1).
La vie surprenante de Louise Vanasse
Cette photographie représente pour moi l’idéal de l’archive. En effet, il n’est pas rare qu’un document d’apparence simple soit rattaché à une histoire extraordinaire. Lorsque nous en prenons conscience, ces archives nous ouvrent des fenêtres sur un destin a priori anodin et anonyme, mais qui résonne en nous malgré le temps passé.
Il en va ainsi de ce portrait de Louise Vanasse. Le document raconte une vie loin d’être banale comme en témoigne la note manuscrite au verso de la photographie :
Louise Vanasse de Louiseville. Mariée à un nommé Pichette qui l'a abandonné avec 2 enfants, mortes toutes jeunes. Partie, et demeurée 18 ans à bord d'[un] steamer (service Halifax & Liverpool) comme matelot, costumée en homme. À son retour, revenue à Montr[éal] habillée à [la] mode des voya[geurs] du temps, chapeau [de] soie, mouchoir de soie, [au]tour du cou. Revenue en bateau à Louiseville (Riv[ière] du Loup) après 32 ans [d']absence, la nuit [elle]tirait au poignet, colletait, forte et grd [grande] (surnommée la Ménade). Morte à Louiseville en 1890. Curé Boucher (Joachim) [aurait] fait aband[onné] ce costume, [mais elle] gardait [un] pantalon sous sa jupe.Audrey Saint-Jean, archiviste aux Archives nationales à Montréal
Louise Vanasse, [vers 1880]. Archives nationales à Montréal, fonds Famille Bourassa (P266,S3,SS1,P30). Photographe non identifié.
Aller-retour entre Plessisville et BAnQ
À mon arrivée à BAnQ, dans le bureau du conservateur et directeur général, on pouvait voir au mur cette photo qui a attiré l’attention du gars « patenteux » en moi. Curieux de nature, j’aime découvrir, apprendre et connaitre le fonctionnement d’à peu près tout. Je me retrouvais dans cette image. Réparer, faire fonctionner un appareil défectueux à nouveau devient un défi pour moi. Comme disaient mon père et mes oncles quand j’étais tout petit : « Il a toujours le nez fourré partout, il sera débrouillard plus tard ». Et comble du hasard, en y regardant de plus près, j’ai constaté que la photo avait été prise à la filature de lin de Plessisville, ville où je suis né et où j’ai grandi.
Carl Demers, technicien en administration aux Archives nationales à Québec
Un réparateur de machine à la filature de lin des Producteurs Unis à Plessisville, 1950. Archives nationales à Québec, fonds Ministère de la Culture et des Communications (E6,S7,SS1,P77128) Photo: Omer Beaudoin