Dirigeons les projecteurs vers le cinéma néo-zélandais qui, malgré des têtes d’affiche prestigieuses (Jane Campion, Peter Jackson, Russell Crowe), reste méconnu.

Il faut dire que ce n’est qu’à partir de la fin des années 1970 que son industrie s’est développée, notamment avec l’énorme succès de Sleeping Dogs (Roger Donaldson) et la création de la New Zealand Film Commission.
Dans les années 1980 apparaissent des cinéastes d’exception : Jane Campion, Peter Jackson, Geoff Murphy ou Vincent Ward. Le cinéma néo-zélandais se fait alors plus personnel, notamment avec le cinéma social de Gaylene Preston et Ngati (Barry Barclay, 1987), premier film entièrement écrit et réalisé par des Maoris.
L’effervescence se poursuit dans les années 1990 avec la sortie de trois films régulièrement cités comme les meilleurs du cinéma néo-zélandais : The Piano (Jane Campion, 1992), Once Were Warriors (Lee Tamahori, 1994) et Heavenly Creatures (Peter Jackson, 1994). Depuis, outre les six films de la saga du Seigneur des anneaux et du Hobbit de Tolkien réalisés par Peter Jackson, ce sont les films de Taika Waititi qui sont le plus célébrés des années 2000.
Partez avec nous à la découverte du cinéma des antipodes avec cette sélection de six films emblématiques de cette région du monde.
Boy (Taika Waititi, 2010)
« Les tribulations d’un garçon de onze ans d’origine maorie, qui grandit dans un quartier défavorisé d’une petite ville de la Nouvelle-Zélande. »
Source : Mediafilm

À sa sortie, ce deuxième film de Taika Waititi est devenu le plus gros succès au box-office néo-zélandais pour un film produit en Nouvelle-Zélande. Un record que le réalisateur battra lui-même six ans plus tard avec son tout aussi réussi Hunt for the Wilderpeople. Tourné dans le quartier où le réalisateur a vécu, Boy a fait une razzia aux NZ Awards : meilleur film, réalisateur, photo, musique, montage, scénario. Porté par une inventivité et une drôlerie permanente, un cadre composé de plages ensoleillées et des personnages attachants, ce feel good movie filmé à hauteur d’enfant a enchanté tout le pays.
Autres films de Taika Waititi sur Kanopy :
- What We Do in The Shadows (2014)
- Hunt for the Wilderpeople (2016)
Goodbye Pork Pie (Geoff Murphy, 1980)
« À bord d’une voiture volée, un jeune homme entreprend une périlleuse équipée en compagnie d’un chômeur et d’une belle blonde à la recherche de sensations fortes. »
Source : Mediafilm

Ce road movie excentrique et culte tourné dans de magnifiques décors naturels est le premier grand succès commercial du cinéma néo-zélandais et reste encore aujourd’hui un film extrêmement apprécié des Néo-Zélandais. Le film écorche d’ailleurs gentiment la société néo-zélandaise tout en offrant des poursuites et des cascades très spectaculaires.
Après ce film, son réalisateur Geoff Murphy va réaliser le film historique sur le colonialisme Utu (1983) et le film de science-fiction The Quiet Earth (1985) qui vont l’imposer comme le réalisateur néo-zélandais le plus impressionnant de l’époque. Hollywood lui ouvrira grand ses portes mais, à l’instar de ses compatriotes Roger Donaldson ou Lee Tamahori, sa carrière aux États-Unis ne confirmera pas l’immense potentiel entrevu dans cette trilogie. Utu est considéré par Quentin Tarantino comme le plus grand film néo-zélandais de tous les temps.
Autre film de Geoff Murphy sur Kanopy :
- The Quiet Earth (1983)
Aussi sur Kanopy :
- Making Utu (Gaylene Preston, 1983)
Smash Palace (Roger Donaldson, 1981)
« Le propriétaire d’une entreprise de récupération d’autos endommagées voit sa vie bouleversée par le départ de sa femme et de sa fillette. »
Source : Mediafilm

Sleeping Dogs (Roger Donaldson, 1977) avait attiré l’attention du public international, mais c’est Smash Palace qui va accéder au rang de classique du cinéma néo-zélandais. Inspiré par un fait divers (un père séquestrant son fils), le réalisateur Roger Donaldson déploie tout son talent. Avec une mise en scène puissante et un art consommé de la surprise, Roger Donaldson suit son héros jusqu’au bout de sa folie sans aucun manichéisme. La performance de l’acteur Bruno Lawrence en père en perte de contrôle est hallucinante et participe grandement à la réussite du film. Malheureusement, c’est seulement à son retour au pays en 2005 après un long passage à Hollywood que l’on retrouvera le talent de Roger Donaldson.
Autre film de Roger Donaldson sur Kanopy
- Sleeping Dogs (1977)
Vigil (Vincent Ward, 1984)
« Après la mort de son père, une fillette voit arriver à la ferme familiale un homme à l’aspect menaçant qui a été engagé pour s’occuper des moutons. »
Source : Mediafilm

Démontrant un talent unique, ce premier film de fiction de Vincent Ward fera instantanément de lui, à seulement 27 ans, le cinéaste à suivre. Pour ce diplômé des beaux-arts, le cinéma est avant tout un art poétique, un réservoir de visions et de sensations. L’importance qu’il accorde à la nature, aux symboles, au son ainsi qu’à la photographie (d’une qualité impressionnante) fait de Vigil un voyage onirique, immersif et absolument original. Le réalisateur confirmera son talent avec The Navigator (1988) et offrira ainsi au cinéma néo-zélandais un deuxième bijou consécutif. Encore plus ambitieux, il mêle dans cette œuvre Moyen Âge et voyage dans le temps pour un résultat épique et magique qui remportera de nombreux prix.
Autres films de Vincent Ward sur Kanopy :
Once Were Warriors (Lee Tamahori, 1994)
« Une mère de famille aborigène accepte de plus en plus mal le climat de violence que fait régner autour de lui son mari macho. »
Source : Mediafilm

Adapté du roman du même titre publié par Alan Duff en 1990, le film est un choc pour les Néo-Zélandais qui lui font un triomphe en salles, du jamais vu pour un film local. Le choc sera encore plus brutal pour le spectateur international qui découvre une facette totalement méconnue de la Nouvelle-Zélande. C’est la première fois que l’on voit avec autant de réalisme le désespoir de certaines populations maories coincées dans des banlieues gangrenées par l’alcool et la violence. Lee Tamahori, dont c’est le premier film, met à profit sa solide expérience de publicitaire pour faire de cette histoire un film culte de la cinématographie néo-zélandaise.
Trois livres d’Alan Duff peuvent être empruntés en version numérique.
Paï (Whale Rider, Niki Caro, 2003)
« En Nouvelle-Zélande, une jeune Maorie défie son grand-père en suivant l’enseignement de la tradition orale réservé aux garçons. »
Source : Mediafilm

Le film est l’adaptation d’un livre publié en 1987 par Witi Ihimaera, l’un des écrivains les plus célèbres de Nouvelle-Zélande. Bien que l’histoire soit ancrée dans un cadre typiquement néo-zélandais, la lutte de la jeune héroïne, la thématique universelle du conflit entre tradition et modernité ainsi que les superbes images de baleines ont conquis tous les publics. Après le traumatisant Once Were Warriors, la Nouvelle-Zélande présente avec ce film une image plus positive des Maoris. Le film a connu un important succès international, offrant à sa jeune actrice Keisha Castle-Hughes une nomination aux Oscars et à Niki Caro un billet pour Hollywood. On retrouvera son goût pour les héroïnes fortes au cœur de ses films américains, comme The North Country (2005) ou Mulan (2020).
Également disponibles sur Kanopy
- White Lies (Dana Rotberg, 2016), autre adaptation d’un livre de Witi Ihimaera
Autres films néo-zélandais
NZ on screen est une magnifique vitrine du cinéma néo-zélandais. On y trouve énormément de vidéos et d’informations. Notamment ce top 10 des meilleurs films néo-zélandais et Cinema of Unease: A Personal Journey, le documentaire primé de l’acteur Sam Neill qui présente une histoire du cinéma néo-zélandais.
Autres films néo-zélandais disponibles sur Kanopy
- Baby Done (Curtis Vowell, 2021)
- Waru (Divers, 2017)
- The Orator (Tusi Tamasese, 2011)
- Human Traces (Nic Gorman, 2016)
- Sunday (Michelle Joy Lloyd, 2014)
- The Inland Road (Jackie van Beek, 2017)
- Her Majesty (Mark J. Gordon, 2001)
- The Red House (Alyx Duncan, 2013)
- War Stories Our Mothers Never Told Us (Gaylene Preston, 1995)
- Crush (Alison Maclean, 1992)
- Mauri (Merata Mita, 1988)
- After Hours (Jane Campion, 1984)
Films réalisés par des réalisateurs néo-zélandais à l’étranger
- The Lovely Bones (Peter Jackson, 2009, États-Unis)
- The Water Diviner (Russell Crowe, 2015, Australie)
- Shadow in the Cloud (Roseanne Liang, 2021)
- Killing Them Softly (Andrew Dominik, 2012, États-Unis)
Musique néo-zélandaise
Vous trouverez de la musique maorie sur Naxos Music Library World. Si vous êtes plus pop, écoutez Lorde, Kimbra ou Broods sur Hoopla.
Veuillez noter que les films présentés ici, disponibles sur la plateforme Kanopy au moment de l’écriture de ce billet de blogue, peuvent ensuite disparaître de la plateforme.