S’émerveiller du Québec avec l’abbé Proulx

Fils d’un agriculteur du comté de Montmagny, Maurice Proulx est initié très jeune au travail de la terre. Sa passion pour l’agronomie le suivra tout au long de sa vie, trouvant écho dans sa deuxième passion, le cinéma. 

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Maurice Proulx portant une soutane et un béret et tenant une caméra.

Maurice Proulx est né le 13 avril 1902, à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, dans une famille de cultivateurs. Après des études classiques au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, puis au Grand Séminaire de Québec, il est ordonné prêtre en juin 1928. Amoureux de la terre, il entreprend des études en agronomie à l’École d'agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et à l’Université Cornell à Ithaca, dans l'État de New York. En 1933, il obtient un doctorat spécialisé en agronomie, chose plutôt rare à l’époque pour un Canadien français.

Le cinéma et l’agronomie

Durant son exil aux États-Unis, Maurice Proulx se familiarise avec l’anglais et la culture américaine par le biais du cinéma. C’est une véritable révélation pour l’agronome. Cependant, ce n’est que lorsqu’un professeur utilise un film pour exprimer son argumentaire lors d’une conférence qu’il comprend le potentiel éducatif du cinéma. 

Motivé par sa découverte, il réussit à décrocher une subvention pour acheter sa première caméra. Il espère ainsi favoriser le développement et la diffusion des sciences agraires par le biais d’œuvres cinématographiques. De retour au Québec en 1933, Proulx retourne à l’École d’agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, cette fois pour y enseigner. Pédagogue-cinéaste investi, il réalise ses premières expériences derrière la caméra.

En 1934, une occasion inespérée se présente. On lui offre d’accompagner les colons qui partent pour l’Abitibi. En temps de crise économique, c’est une opportunité exceptionnelle pour lui. Il ne reçoit aucun salaire, mais la Société de colonisation paie ses bobines, le loge et le nourrit. Bref, Proulx n’aurait pas pu trouver un partenaire plus fiable pour développer ses habiletés cinématographiques. 

Pendant trois ans, par intermittence, il filmera le travail acharné des colons pour développer le territoire de Roquemaure, une colonie abitibienne. Il en résulte son premier film, En pays neufs, en 1937, qui devient le premier film documentaire sonorisé de l’histoire du Québec et l’une des premières manifestations du cinéma d’information gouvernementale. Jusqu’en 1968, Maurice Proulx réalisera 50 autres films documentaires.

À la recherche d’un temps disparu

L’œuvre de Maurice Proulx est impressionnante et s’inscrit dans la catégorie des films à vocation pédagogique qui témoignent d’une période importante de l’histoire du Québec. À l’époque de la Grande Dépression, le gouvernement de Maurice Duplessis misait beaucoup sur la colonisation et sur l’agriculture pour relancer l’économie. Le caractère rural de l’œuvre cinématographique de Proulx permettait ainsi de vendre l’idée de colonisation à la population québécoise de l’époque. 

Aujourd’hui, ses films ne constituent plus un plaidoyer pour la ruralité, mais plutôt un formidable témoignage, sans censure, de la vie dans les campagnes du Québec avant la Révolution tranquille. Ce monde rural disparu, qui nous apparaît aujourd’hui si lointain, reste bien vivant dans les films de Proulx.

Maurice Proulx avait toujours sa caméra dans ses bagages lors de ses voyages à travers le Québec. Tout ce qui l’émerveillait devenait alors un prétexte pour tourner quelques images. Proulx s’intéresse d’ailleurs aux gens des Premières Nations qui vivent dans les territoires ouverts à la colonisation. Il est charmé par les cultures autochtones.

Avec peu de moyens, Maurice Proulx a réussi l’exploit de montrer par ses œuvres cinématographiques la réalité agraire du Québec à plusieurs générations de Québécoises et de Québécois. C’est cet héritage que Bibliothèque et Archives nationales du Québec vous transmet aujourd’hui en rendant accessibles les films de Maurice Proulx.

Source consultée

Fonds Maurice Proulx (P667), Archives nationales à Québec.