Retour sur l’ouverture de la Grande Bibliothèque

« Voici votre Grande Bibliothèque », peut-on lire sur la couverture de cet encart publicitaire diffusé en avril 2005, à l’occasion de l’ouverture. 

« Cet espace vous appartient, suivez le guide… » En acceptant cette invitation lancée en page 3, on a l’occasion de parcourir les lieux sur papier et d’apprécier diverses statistiques sur le combien et le quoi de la chose :

• 4 millions de documents
• 1,2 million de livres
• 1,2 million d'autres documents (revues, journaux, disques compacts et cassettes de musique, DVD, vidéocassettes, ouvrages de référence, logiciels, etc.)
• 1,6 million de microformes
• Superficie totale : 33 000 mètres carrés sur 6 niveaux
• Nombre de membres du personnel : près de 400 dont plus de 250 au service du public

« La Grande Bibliothèque met à votre disposition 2520 places assises, dont 1300 fauteuils de lecture, 350 postes informatiques, 44 postes d'écoute de disques et de cassettes, 50 postes de visionnement de films, 4 salles de conférence, 4 salles de formation, 21 salles de rencontre et de recherche. Pour assurer votre confort (tout en économisant l'énergie!), la climatisation et le chauffage sont distribués par induction. Ce système est intégré dans le plancher, avec les câbles électriques et informatiques, ce qui facilite l'entretien technique et préserve l'esthétique du fini béton des plafonds. »

La table est mise, il ne reste plus qu’à recevoir la visite…

Au lendemain de la journée portes ouvertes du 1^er mai (qui suivait celle, aussi courue, du 30 avril), Le Devoir rapporte : « Malgré la pluie, plus de 18 000 personnes ont franchi les portes de la BNQ¹ durant les deux journées de portes ouvertes où l’ambiance était festive. […] Dans la file qui encerclait le bâtiment en attendant de pouvoir y pénétrer, on comptait aussi bien des têtes d ’affiche, des résidents du quartier que des bébés en poussette. »

L’inauguration a lieu quelques jours plus tôt, le 29 avril. Le lendemain, La Presse raconte : « Près de quatre ans après la première pelletée de terre, le ruban a été coupé en grande pompe à la Grande Bibliothèque de Montréal, en présence de 800 personnalités. 

Des politiciens d’allégeances diverses fraternisent autour d’un verre et de canapés, le temps de célébrer l’aboutissement d’un grand projet : « Les adversaires politiques avaient laissé leurs armes dans leur fourreau, le temps de célébrer la naissance de ce prestigieux lieu de savoir. La présence des Jean Charest, Bernard Landry, Gilles Duceppe, Lucien Bouchard, Line Beauchamp et Gérald Tremblay sous le même toit parlait d’elle-même. »

« Un contentement, un accomplissement », dit Lise Bissonnette, toute première présidente-directrice générale de la Bibliothèque nationale du Québec. 

Son éloquent discours inaugural est reproduit en partie dans Le Devoir, le 30 avril 2005 (p.5). Ces quelques lignes en donnent la couleur : « Nous voici dans la clarté de cette Grande Bibliothèque, goûtant un plaisir proche de l’euphorie. La maison abrite quatre millions de documents, dont plus d’un million de livres, elle occupe le cœur de la métropole et le carrefour des itinéraires du Québec, elle est née d’un précieux vœu unanime de l’Assemblée nationale, elle n’a pas encore un jour mais elle annonce une vie infinie, dont est garant le magnifique et durable alliage du béton, de l’acier, du verre, du bouleau jaune issu de nos forêts, qui protègent toutes les fibres par lesquelles passe désormais la lecture, du papier fragile aux canaux du virtuel. »

C’est la prédiction faite par la chroniqueuse Josée Blanchette dans Le Devoir, le 29 avril 2005 (p.B8), qui ajoute : « J’en suis ressortie émue et renversée, déçue de ne plus avoir huit ans. […] L’Espace Jeunes est une halte touristique pour les enfants de l’extérieur, au même titre que le Musée de la civilisation à Québec », affirme-t-elle. 

Plus loin dans son texte, elle donne la parole à la responsable de « ce sous-sol lumineux où l’on ne sera tenu ni au silence ni à l’ordre. ‘‘ Notre but, c’est que les familles viennent passer un après-midi toutes les trois semaines. […] Linda Clermont veut inciter sa clientèle à lire : il n’y aura pas de police et pas de censure. On aura du Walt Disney aussi : on veut rejoindre les jeunes où ils sont, pas leur imposer ce qu’il faut lire. Ceci dit, nous sommes cinq bibliothécaires passionnés de littérature jeunesse et nous sommes là pour leur faire découvrir des livres. Il n’y a pas d'enfant qui n’aime pas lire, il y a simplement un enfant qui n’a pas encore rencontré le bon livre. ’’»