L'histoire de la pêche au saumon dans les rivières du Québec est si riche qu'on peut difficilement lui faire honneur en quelques lignes. Cependant, une initiative de préservation hors de l'ordinaire menée à la rivière Moisie, sur la Côte-Nord, mérite à elle seule ce bref témoignage.

Cet épisode particulier de l'histoire de la pêche sportive, nous l'avons découvert lors du traitement des photographies contenues dans le fonds Compagnie minière IOC, conservé aux Archives nationales à Sept-Îles. Afin de comprendre l'importance de cet événement dans la sauvegarde du roi de la rivière Moisie (le saumon !), il fallait consacrer quelques heures à la recherche d'information sur ce sujet. Nous avons finalement mis la main sur un article paru dans le magazine Iron Ore d'août 1972 (1) et sur une mention dans un livre de Richard Geren et Blake McCullogh (2).
Une première expérience
Afin de faciliter la montaison, le club de pêche de la rivière Moisie (Club Adams) a conçu une technique inusitée. Cette initiative, réalisée en collaboration avec la Compagnie minière IOC et le ministère de la Faune, permettait aux saumons de frayer dans des secteurs autrefois moins fréquentés. En 1972, une première expérience est tentée. On construit la passe de Katchapahun pour que ce grand poisson des mers froides de l’hémisphère Nord puisse l’emprunter.
Néanmoins, le faible débit de la rivière empêche parfois le passage des saumons. On utilise alors un hélicoptère pour les aider à surmonter cet obstacle. Cette technique est employée pendant quelques années, jusqu’à ce qu’une modification rende enfin possible la montaison naturelle.
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Une autre expérience, de plus grande envergure, favorisera la reproduction des saumons dans une portion de la rivière protégée par un obstacle de taille : la chute Keshkouhn, haute de 135 pieds.
Un véritable programme est alors mis sur pied, qui perdurera pendant de nombreuses années. Au bas de la chute MacDonald, on installe une passe à saumon où l’on cueille les poissons, qui sont par la suite transportés par hélicoptère. On les dirige ainsi vers des wagons de minerai de l’IOC « doublés de réservoirs en polyéthylène et dotés de pompes à oxygène, où ils sont traités comme des personnages de marque » (3). On dépose ensuite les saumons en amont des chutes de la rivière Wacouno.
Sources
(1) « Le saumon et le chemin de fer. / Salmon, and railway. », Iron Ore, vol. 18, no 8, août 1972, p. 8 à 14.
(2) GEREN, Richard et Blake McCULLOGH, L’héritage de Caïn: histoire de la Compagnie minière IOC, Sept-Îles, Compagnie minière IOC, 1990, p. 126.
(3) GEREN, Richard et Blake McCULLOGH, L’héritage de Caïn: histoire de la Compagnie minière IOC, Sept-Îles, Compagnie minière IOC, 1990, p. 126.
Pour aller plus loin
Sur l’histoire de la Compagnie minière IOC :
GEREN, Richard et Blake McCULLOGH, L’héritage de Caïn : histoire de la compagnie minière IOC, Sept-Îles, Compagnie minière IOC, 1990, 351 p.
Service du personnel, Iron Ore Company of Canada, Iron Ore, 1955-1974.
Service du personnel, Iron Ore Company of Canada, Dialogue, Sept-Îles, Sentinel Press et Éditions Lefrançois, 1974 à 2002.
Sur le saumon :
Gouvernement du Québec, Agriculture, Environnemen et Ressources naturelles, « Saumon atlantique ».
Encyclopédie Larousse, « Saumon ».
L'Encyclopédie canadienne, « Saumon ».
L'Encyclopédie canadienne, « Saumon de l’Atlantique ».
Sur la protection de la rivière Moisie :
Cet article est la version révisée d’un texte publié dans le blogue Instantanés de BAnQ le 17 janvier 2018, sous le titre « Transport de luxe pour le roi de la rivière Moisie ».