Les Conroy : une famille « électrifiante »

Depuis 1830, la famille Conroy laisse son empreinte en Outaouais. Des scieries aux tramways, son héritage électrique continue de briller aujourd'hui.

Histoire du Québec (1867-1944)
Photo noir et blanc d'un enfant et d'un homme posant près d'une machine agricole.

Marchands, hôteliers et inventeurs, les Conroy ont certainement laissé leur marque dans la région de l’Outaouais. De la scierie du patriarche, Robert Conroy, à l'innovation hydroélectrique de son fils William, leur histoire est faite de commerce, d'invention et de persévérance.

Le commerce du bois

L’histoire débute en 1830 avec l’arrivée de Robert Conroy à Aylmer, aujourd’hui un secteur de la ville de Gatineau.

Ce dernier se lance dans le commerce du bois et devient propriétaire d’une scierie dans l’ancienne municipalité de Deschênes. En 1837, il épouse Mary McConnell. En consultant les documents d’archives de la famille, on constate que cette femme a joué un rôle important dans la gestion de la compagnie.

Au courant des années 1850, Robert Conroy devient aussi aubergiste en achetant l’Auberge Symmes. Son épouse et lui figurent alors parmi les négociants de bois les plus prospères de la vallée de l’Outaouais. Après le décès de Robert en 1868, c’est sa femme, Mary, qui reprend les rênes. Elle dirige alors une importante modernisation de la scierie de Deschênes. 

Dans les années suivantes, son fils, William Jackson Conroy, va contribuer à la prospérité de l’entreprise d’une manière un peu différente. 

L’invention d’une moissonneuse-batteuse et les débuts de l’hydroélectricité

William Jackson Conroy est un inventeur. Il conçoit d’abord un nouveau type de moissonneuse-batteuse qui est surtout utilisé au Manitoba. 

Néanmoins, ce sont ses expériences dans le domaine de l’hydroélectricité qui marquent l’histoire de la région. En utilisant le courant produit par les rapides Deschênes, William J. Conroy lance l’entreprise familiale dans le marché de l’électricité.

Les Conroy et leurs partenaires créent le tout premier réseau de transport d’énergie électrique en Outaouais. Dès 1895, la centrale de Deschênes a la capacité de combler les besoins des services publics et des industries locales. Les Conroy sont aussi actionnaires principaux de la Hull Electric Company. Celle-ci inaugure le premier système de tramway à Hull, en plus d’obtenir l’exclusivité du service aux résidences de Hull, d’Aylmer et de Deschênes. La Deschênes Electric innove aussi en assurant l’alimentation d’un luxueux hôtel d’Ottawa par un réseau de câbles submergés. 

Les Conroy signent également une entente avec la plus grande compagnie de Hull, la E. B. Eddy. Ils s’engagent à fournir toute l’électricité nécessaire aux usines de cette compagnie. Cependant, le grand feu de 1900 rase tous les édifices de la E. B. Eddy.

Impatiente de reprendre ses activités, la Eddy exige la livraison immédiate d’énergie électrique équivalant à 700 chevaux-vapeur. Les Conroy doivent installer rapidement des génératrices supplémentaires pour satisfaire à la demande. La Eddy devient ainsi l’une des premières usines au monde à faire fonctionner ses machines et à illuminer ses usines entièrement à l’électricité. Toutefois, le projet est trop coûteux pour la Deschênes Electric, qui frôle la faillite. Les Conroy cèdent donc leur compagnie d’électricité en 1901.

Ils vont alors poursuivre leurs aventures électriques aux rapides du Grand-Calumet près de Bryson. 

La centrale de Bryson

La construction de la centrale de Bryson se termine en 1925. Cette centrale est encore en exploitation aujourd’hui. Du barrage de Deschênes, il ne reste de nos jours que quelques ruines, mais celles-ci sont célèbres. Des kayakistes du monde entier se déplacent pour venir affronter l’une des plus belles vagues, générée par le courant du barrage Deschênes.

Cet article est une version révisée d’un texte publié dans le blogue Instantanés de BAnQ le 18 août 2020, sous le titre La famille Conroy : une famille « électrifiante ».