Janette Bertrand, 100 ans d'engagement

Journaliste, comédienne et écrivaine, Janette Bertrand a consacré sa vie à promouvoir l’égalité des sexes et à lutter contre les injustices et les violences de genre. À la fois témoin et actrice de profonds changements sociaux, elle a joué un rôle crucial dans l’évolution des mentalités au Québec.

Histoire du Québec Littérature québécoise

« Les femmes n’ont pas besoin d’être instruites pour se marier »

Dès son jeune âge, Janette Bertrand désire prouver à son père qu’une fille vaut un garçon, à une époque où les femmes sont d’abord définies comme épouses, mères et ménagères. 

Janette Bertrand rêve d’aller à l’université comme ses frères. Après des études en Lettres-Sciences au pensionnat Mont-Royal, elle tient tête à son père et va étudier à l’Université de Montréal, où elle décroche un diplôme. Elle veut devenir journaliste. 

Donner la parole aux sans voix

À partir de 1953, Janette Bertrand gère le courrier du cœur dans Le Petit Journal. Les lecteurs lui confient des secrets intimes, souvent lourds à porter. « Le refuge sentimental » fait scandale auprès d’une certaine élite, mais est plutôt bien accueilli par le grand public. Janette Bertrand en attribue le succès au fait qu’elle ne juge pas les gens. Elle ne craint pas de parler franchement et ouvertement de sujets tabous comme la violence conjugale, l’inceste, l’homosexualité… Elle cesse d’écrire « Le refuge sentimental » en 1969. Cette même année, Robert Charlebois et Mouffe écrivent la chanson Madame Bertrand, en hommage à son courrier du cœur. 

 

Des années bien occupées

Dans les années 1960-1970, Janette Bertrand cumule les rôles : auteure et interprète pour la télévision, animatrice de radio, c’est aussi elle qui tient la maison, prépare les repas, s’occupe des enfants. De son propre aveu, ce sont des années épuisantes, même si elle ne le montre pas.

À la station de radio CKAC, Janette Bertrand convainc ses patrons d’installer un studio dans sa cuisine pour donner un caractère intime à son émission, « Mon mari et nous ». En réalité, elle veut être à la maison pour accueillir ses enfants le midi. Pendant qu’elle cuisine à la radio, son mari, Jean Lajeunesse, décortique la vie politique pour les auditrices. À d’autres moments, ils parlent de leur quotidien, parfois interrompus par leurs enfants. Les débuts de la conciliation travail-famille?

À la défense d’une culture populaire

Au théâtre, Janette Bertrand laisse aussi sa marque. Jouée pour la première fois en 1981 à la Comédie Nationale à Montréal, la pièce Moi Tarzan, toi Jane, qui aborde des sujets comme l’identité masculine, l’avortement et l’alcoolisme au féminin, divise. Elle rencontre malgré tout un vif succès auprès du public. Pour celle qui a grandi aux coins des rues Ontario et Frontenac, au cœur du Faubourg à m’lasse à Montréal, la culture doit pouvoir parler aux gens ordinaires.

Ébranler les colonnes du temple

Dans sa série de dramatiques « L’Amour avec un grand A » diffusée à Radio-Québec (aujourd’hui Télé-Québec) de 1986 à 1996, Janette Bertrand porte une fois de plus au petit écran des thèmes proches des préoccupations des gens, mais dont on ose encore peu parler en public. La différence d’âge dans un couple, l’amour après le divorce, les relations père-fils… Peu à peu, la société québécoise se défait de ses interdits, sous l’influence de pionnières comme Janette Bertrand.

En brisant les tabous et en ouvrant un dialogue sur plusieurs sujets sensibles, Janette Bertrand laisse une trace indélébile sur la société québécoise. Son héritage est une source d’inspiration pour poursuivre la lutte pour l’égalité et la justice sociale. 

Sources :