Il y a un demi-siècle, Harmonium lançait son premier album éponyme. Un enregistrement devenu légendaire qui a fait connaître trois remarquables musiciens… parmi tant d’autres.

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Paru en 1974, Harmonium a marqué la musique du Québec. Pourtant, le contexte ne semblait pas favorable au départ. Selon un article publié dans Le Devoir en juin 1974, les musiciens « durent s’adresser à une compagnie de disques de Toronto, parce que toutes les compagnies de Montréal les avaient refusés » (Le Devoir, 10 juin 1974, p. 10). C’est ainsi que le premier album du groupe a été lancé sous l’étiquette Quality Records/Célébration.
Comme d’autres grands albums de l’époque – dont le premier opus de Beau Dommage, la même année – Harmonium est enregistré au studio Tempo, à Montréal.
Le chanteur et guitariste Serge Fiori participe à la composition de toutes les pièces. Le guitariste Michel Normandeau contribue à quatre pistes. Louis Valois, à la basse, complète le trio. L’album est réalisé par Fred Torak, qui signe aussi les arrangements.
Influencés par des artistes comme Joni Mitchell, les musiciens d’Harmonium composent les chansons de l’album dans le genre folk-rock, très populaire à l’époque. Les pièces qu’ils proposent sont plus longues que ce qu’on a l’habitude d’entendre. Un musicien parmi tant d’autres, par exemple, dure plus de sept minutes. Les arrangements des voix et des guitares acoustiques, notamment celle à 12 cordes, apportent un son riche. En ce qui concerne les textes, les membres du groupe accordent une grande importance à la sonorité et à la phonétique des mots, ce dont ils témoigneront dans une chronique publiée dans le journal Voir en 2019. Pour Normandeau, il « fallait que les paroles soient comme un instrument. Fallait qu’elles sonnent » (Voir, 20 novembre 2019).
Les chansons Un musicien parmi tant d'autres, Pour un instant et Harmonium, entre autres, deviendront des classiques de la musique québécoise.
Harmonium après Harmonium
Dans les années suivantes, deux autres albums enregistrés en studio sont lancés et connaissent un grand succès.
Les musiciens Pierre Daigneault et Serge Locat se joignent au groupe pour le deuxième album, paru en 1975, Si on avait besoin d’une cinquième saison (aussi appelé Les cinq saisons). Pour L’heptade, l’année suivante, Robert Stanley, Monique Fauteux, Libert Subirana et Denis Farmer s’ajoutent à la formation.
Des différends lors de l’enregistrement de L’heptade poussent Michel Normandeau à quitter le groupe. Sa contribution à l’album reste tout de même importante. Il a entre autres coécrit la pièce Comme un fou.
Cette étape de l’histoire du groupe se clôt avec la parution d’un album enregistré en concert et d’un documentaire filmé en Californie.
Les adaptations après la dissolution
Quelques décennies plus tard, la musique d’Harmonium fera l’objet de nombreuses rééditions et adaptations. Parmi ces projets, soulignons Histoires sans paroles – Harmonium symphonique, un album créé par Simon Leclerc et l’Orchestre symphonique de Montréal, ainsi que le spectacle Serge Fiori – Seul ensemble du Cirque Éloize, en 2019. Pour produire la musique de ce spectacle et l’album qui rassemble les pièces, Fiori a notamment collaboré avec le musicien Louis-Jean Cormier.
L’influence d’Harmonium
Les albums d’Harmonium ont été édités dans plusieurs pays, notamment en France, aux États-Unis, en Corée du Sud, au Brésil, en Argentine et aux Pays-Bas. Si on avait besoin d'une cinquième saison a figuré à la 36e place du palmarès « 50 Greatest Prog Rock Albums of All Time » de la revue Rolling Stone.
Si l’œuvre d’Harmonium est ancrée dans la culture du Québec, plusieurs musiciens provenant d'autres pays ont aussi été inspirés par le groupe. Guitariste, j’ai moi-même été initié à la musique québécoise à travers Harmonium, à mon arrivée ici. J’ai d’ailleurs participé à des projets inspirés des albums du groupe, notamment au microalbum Les cinq temps (Projet Corde Sud, 2015). Il faut également souligner la reprise de la chanson Un musicien parmi tant d’autres pour la Journée nationale des Premiers Peuples en 2023 : la pièce a été traduite et chantée dans les 11 langues autochtones du Québec pour cette célébration.
Serge Fiori a même suscité la création d’une guitare à 12 cordes : la Norman B50 12 Natural SG Element.
La musique de ce groupe culte restera à jamais dans la mémoire collective du peuple québécois.