Cette fiche d’information s’adresse aux bibliothèques qui souhaitent mieux accueillir les personnes autistes en leurs murs. Elle offre des conseils pour comprendre les personnes autistes, pour développer des services adéquats, mais aussi pour les intégrer adéquatement en tant qu'employés.
- Les essentiels à retenir
- Mise en contexte
- Inclusion des personnes autistes
- Sensibiliser et mieux informer sur l’autisme
- Accueil de la personne autiste
- Services de la bibliothèque
- Emploi des personnes autistes
- Définitions de l'autisme
- Ressources - Pour aller plus loin
- L’International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA) a annoncé la création de lignes directrices pour les bibliothèques accueillant des publics autistes.
- L’IFLA indique la nécessité, pour le personnel des bibliothèques, de connaître les définitions et les spécificités de l’autisme afin de pouvoir mettre en place des services et des espaces pour les personnes autistes.
- L’autisme n’est pas une maladie qui peut être vaincue ou guérie. Il s’agit, selon les définitions, d’un trouble neurodéveloppemental ou d’une variation neurologique.
- Il existe des termes à éviter et d’autres à privilégier.
- La formation du personnel est primordiale, car elle permet de comprendre les comportements des personnes autistes et d’ainsi mieux communiquer avec elles.
- Sensibiliser et informer les personnes autistes et les personnes neurotypiques sur l’autisme est essentiel.
- L’accueil des personnes autistes peut se faire grâce à des mesures d’accessibilité universelle, ou avec des accommodements physiques et technologiques.
- Il est tout à fait possible d’offrir des activités aux personnes autistes, en les adaptant à ce public.
- Il est possible d’embaucher des personnes autistes à la bibliothèque.
Le comité Library Services to People with Special Needs (services de bibliothèque pour les personnes ayant des besoins particuliers) de l’IFLA a inclus l’autisme dans les priorités de son plan d’action. L’objectif est de définir des lignes directrices servant de guide et d’outil pour toutes les bibliothèques.
L’IFLA souligne que certaines bibliothèques ont déjà développé des actions favorisant l’inclusion des personnes autistes, mais qu’il existe un manque de connaissances chez le personnel des bibliothèques et dans la communauté au sujet de l’autisme.
Il existe peu de données et d’enquêtes au sujet de la fréquentation des bibliothèques par les personnes autistes. D’après l’association Dimensions, située au Royaume-Uni, les personnes autistes sont deux fois plus susceptibles de visiter une bibliothèque que les non-autistes. Pourtant, 40 % des personnes autistes déclarent qu’elles ne se rendent jamais en bibliothèque. Si les bibliothèques apportaient quelques changements, alors 90 % des personnes autistes indiquent qu’elles y viendraient plus souvent.
L’enjeu est donc de concilier l’intérêt démontré par les personnes autistes pour les bibliothèques et la volonté d’inclusion de ces dernières, en développant des stratégies d’accueil et les connaissances des membres du personnel des bibliothèques au sujet de l’autisme.
Portrait de l’autisme au Canada
Selon l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes (ECSEJ) de 2019 :
- Un enfant ou adolescent canadien de 1 à 17 ans sur 50 (soit 2,0 %) est autiste.
- Il y a quatre fois plus de garçons que de filles autistes.
- Un peu plus de la moitié des jeunes autistes au Canada (53,7 %) ont reçu leur diagnostic avant l’âge de cinq ans.
- Plus des deux tiers (68,7 %) ont un autre problème de santé de longue durée concomitant, les plus courants étant le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA(H)), les troubles ou les difficultés d’apprentissage, et le trouble d’anxiété.
Note : Le TDA(H) et les troubles d’apprentissage sont des conditions neurologiques, ou troubles neurodéveloppementaux. Ils se distinguent donc des difficultés d’apprentissage, qui sont circonstancielles et ponctuelles, et du trouble d’anxiété, qui est une maladie.
Toutes les propositions ci-dessous constituent des pistes à explorer afin de favoriser l’inclusion des personnes autistes dans les bibliothèques. Elles constituent un outil pour vous aider à définir quelles activités ou quels services vous pourriez mettre en place selon les ressources que votre bibliothèque possède déjà ou qu’elle pourrait acquérir.
La formation du personnel
Selon la National Autistic Society, le manque de soutien du personnel constitue, pour les personnes autistes, l’un des obstacles les plus importants à la visite d’un nouveau lieu ou à l’utilisation d’un nouveau service.
La formation et la sensibilisation du personnel des bibliothèques à l’autisme sont donc indispensables pour bien accueillir et servir les personnes autistes.
Cette formation pourrait aborder les thématiques et enjeux suivants : la définition et la compréhension des caractéristiques de l’autisme, la communication avec une personne autiste, les différences sensorielles, et les pratiques et changements qui peuvent être mis en place pour mieux accueillir les personnes autistes.
Si tout le personnel ne peut suivre une formation, il est possible de constituer un groupe d’employés qui agiraient comme personnes de référence au sein de la bibliothèque pour tout ce qui touche à l’autisme (idéalement, selon la taille de la bibliothèque, une personne dans chaque corps d’emploi). Ces employés peuvent offrir des services personnalisés aux personnes autistes : présentation des services de la bibliothèque, aide à la recherche dans le catalogue, référence, choix du canal de communication (présentiel avec rendez-vous, distanciel par Teams, courriel, téléphone), etc.
Pour les personnes autistes, le fait de pouvoir compter sur une ou deux personnes-ressources formées en matière d’autisme, au sein du personnel de la bibliothèque, constituera un grand soutien pour la communication et l’utilisation des services de la bibliothèque. Certaines bibliothèques commencent à développer un service personnalisé pour les personnes autistes. Par exemple, les bibliothèques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont développé le service Biblio-perso pour les étudiants autistes.
La communication chez les personnes autistes
Il existe différents types de profils de communication chez les personnes autistes. Cependant, elles peuvent partager une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
- La communication est honnête et franche. Les personnes autistes s’expriment parfois sans filtre; n’interprétez pas leurs paroles comme un manque de respect ou de l’impolitesse.
- Le contact visuel lors de l’échange peut être incommodant pour les personnes autistes. Considérez que la personne autiste vous écoute même si elle ne vous regarde pas.
- Le langage corporel de la personne autiste peut être peu expressif, mais il ne traduit pas son niveau d’attention. Considérez que la personne autiste vous écoute même si son langage corporel ne l’exprime pas.
- L’intonation de la voix chez les personnes autistes peut être monocorde ou chantante et associée à des altérations du volume de la voix (trop fort ou pas assez fort).
- Différences sensorielles : le traitement sensoriel diffère chez les personnes autistes, qui peuvent être, selon les sens, hyporéactives ou hyperréactives. Lorsque la gestion d’un sens ou d’un état (anxiété, joie) est inhabituelle ou trop intense, la personne autiste peut avoir recours à l’autostimulation (stimming) afin de se réguler. Cette autostimulation se manifeste par des actions répétitives comme battre des mains, se balancer ou répéter certains mots.
Lorsque la personne autiste est en surcharge sensorielle, un effondrement autistique peut survenir. Il peut se manifester par de la colère, des pleurs, du mutisme ou des autostimulations plus intenses.
Conseils de communication
- Adopter un langage clair et concret, éviter le langage figuré (métaphores, euphémismes, etc.).
- Utiliser des supports visuels (pictogrammes), qui peuvent être utiles pour améliorer la communication avec certaines personnes autistes.
- Donner des instructions ou des informations très claires et directes. Par exemple, indiquer le comportement qui est attendu plutôt que celui qui est déconseillé. (Il est interdit de consommer des boissons sauf celles qui sont dans un contenant avec couvercle = la consommation de boissons est permise uniquement dans des contenants avec couvercle.)
Connaître et utiliser au besoin la communication alternative et améliorée (CAA), qui est l’ensemble des moyens de communication qui peuvent être utilisés pour communiquer en dehors du langage oral. Les personnes autistes peuvent ne pas utiliser le langage oral de façon momentanée (lors d’une surstimulation sensorielle ou d’un effondrement autistique) ou de façon prolongée.
Selon l’Observatoire québécois de l’autisme, 49 % des adultes autistes ont un besoin d’information sur l’autisme, et 42 % des adultes autistes souhaitent avoir des conférences, activités ou ateliers pour en apprendre plus sur l’autisme.
Les actions de sensibilisation des bibliothèques peuvent être mises en lumière par l’utilisation de certains symboles représentant l’autisme. Parmi eux, la pièce de casse-tête est souvent utilisée. Or, la communauté autiste la rejette, considérant qu’elle renvoie l’image d’une pièce manquante constitutive d’un problème.
Voici quelques exemples de services et d’activités qui peuvent être mis en place pour informer et sensibiliser :
- Collection sur l’autisme : La connaissance de l’autisme est très variée selon les personnes (proches, aidants, autistes, professionnels de la santé, usagers qui s’intéressent au sujet). Le reflet de cette diversité dans la collection est conseillé. Celle-ci comportera, par exemple, des témoignages d’autistes (très prisés par les autistes, selon Aide Canada) ou de proches, des ouvrages de vulgarisation scientifique, des ouvrages pratiques, quelques ouvrages spécialisés. Une attention particulière peut être portée aux ouvrages véhiculant des idées fausses sur l’autisme (« l’autisme est une maladie », par exemple).
- Vernissage d’une exposition : La bibliothèque d’Alma a accueilli le vernissage de l’exposition photographique d’Ève Lapierre Un sourire, une différence, dans laquelle l’artiste saisit des moments de vie de familles qui comprennent un enfant autiste.
- Organisation d’une bibliothèque vivante : L’organisme Autisme Mauricie a mis en place une bibliothèque vivante avec une vingtaine de membres (autistes, intervenants, parents) dans un centre commercial à Trois-Rivières afin de sensibiliser la population. Cette initiative pourrait être reproduite en bibliothèque.
- Enregistrement de balados : La bibliothèque du district d’Ann Arbor a invité un expert, le docteur Richard Solomon, à enregistrer 10 balados dans lesquels il informe l’auditoire et échange avec des autistes et leurs familles dans le cadre d’interviews et de discussions ouvertes.
- Accueil d’une exposition annuelle d’artistes autistes : La bibliothèque de Paterson accueille l’exposition annuelle du Binder Autism Center pour mettre en valeur le talent et la créativité des personnes autistes.
- Conférences :
- Avec des personnes impliquées dans le domaine de l’autisme (experts, proches, associations). Ex. : conférence de Martine Quessy, directrice générale d’Autisme Mauricie, à la bibliothèque Bruno-Sigmen de Shawinigan.
- Avec des auteurs et autrices autistes, en virtuel. Ex. : conférence de Temple Grandin, organisée par les bibliothèques publiques de l’Illinois, sur la compréhension de l’autisme et de la neurodiversité.
- Avec des auteurs et autrices autistes, en présentiel. Ex. : conférence de l’auteur Daniel Smeenk, venu présenter son ouvrage à la bibliothèque publique de Niagara-on-the-Lake.
- Avec des personnes impliquées dans le domaine de l’autisme (experts, proches, associations). Ex. : conférence de Martine Quessy, directrice générale d’Autisme Mauricie, à la bibliothèque Bruno-Sigmen de Shawinigan.
Thèmes actuels qui peuvent faire l’objet d’une conférence :
- L’autisme au féminin
- La santé mentale des personnes autistes
- Le diagnostic tardif chez les adultes autistes
- L’emploi et la recherche d’emploi chez les personnes autistes
- L’inclusion des personnes autistes dans le monde du travail
- L’inclusion des enfants ou adolescents autistes dans le milieu scolaire
- La transition vers l’âge adulte pour les adolescents autistes
- La sexualité dans l’autisme
- La parentalité chez les adultes autistes
- La fatigue chez les personnes autistes
- L’épuisement autistique
- L’accompagnement d’un enfant autiste
L’American Library Association (ALA) préconise, avec le concept de design universel, la création ou l’aménagement d’environnements qui répondent aux besoins de groupes divers.
Des accommodements physiques et technologiques répondant à la fois aux besoins des personnes autistes ou neurodivergentes et à ceux des personnes neurotypiques peuvent donc être mis en place.
- Accommodements physiques :
- Des sièges de travail flexibles.
- Des espaces distincts avec des niveaux sonores et lumineux variables, dont des pièces calmes et des salles sensorielles.
La pièce calme est un lieu de bien-être idéalement situé à l’abri du bruit et équipé d’un régulateur de luminosité pour diffuser une lumière tamisée. Cette pièce peut servir de refuge en cas de surstimulation sensorielle pour la personne autiste et aide à prévenir ou à gérer les épuisements autistiques. Elle sera aussi appréciée par les personnes neurotypiques en tant qu’espace de relaxation et de repos.
La salle sensorielle comprend des objets et des aménagements qui stimulent l’enfant afin qu’il puisse explorer et éveiller ses sens. Au Québec, la bibliothèque de Mirabel en propose une; en Ontario, l’une des bibliothèques de Toronto a aussi aménagé une salle sensorielle.
- Un jardin sensoriel. Par exemple, celui développé par la Winter Haven Library peut accueillir quatre personnes pour une durée de 30 minutes. Il propose une expérience sensorielle grâce à des textures différentes, à des instruments sonores (sons doux), à une fontaine et à des sacs sensoriels mis à disposition des visiteurs.
- Une signalétique claire et précise à l’aide d’idéogrammes qui facilitent la compréhension de la signalisation. L’utilisation de la communication alternative et améliorée (CAA) permet d’accroître l’accessibilité universelle en bibliothèque. L’association ISAAC francophone, par exemple, a développé des tableaux de CAA spécialement adaptés aux bibliothèques. De nombreux sites proposent aussi des pictogrammes libres de droits, comme Picto Selector, ou sous licence Creative Commons, comme Arasaac ou Noun Project.
- Des sièges de travail flexibles.
- Accommodements technologiques :
- Ordinateurs avec options d’accessibilité (logiciel de prédiction de mots avec synthèse vocale, comme Lexibar), lecteurs d’écran (NonVisual Desktop Access) et application de communication alternative et améliorée (LetMeTalk).
- Ressources dans différents formats (livres imprimés, numériques et audionumériques). De nombreux éditeurs ont développé des collections adaptées aux enfants à besoins particuliers afin de favoriser l’accès à la lecture pour tous. Du côté des livres imprimés, la bibliothèque de Mirabel propose, par exemple, une collection de livres en écriture pictographique. Des collections développées spécialement pour les personnes qui ont un trouble du langage font aussi partie du catalogue de certaines bibliothèques, comme celle de Beaconsfield.
Du côté des livres numériques, le projet Biblius propose des livres FROG (FRee your cOGnition) en format EPUB enrichi, qui contiennent une boîte à outils permettant aux lecteurs d’adapter la lecture en fonction de leurs besoins.
- Accessibilité du site Web. Le site des Médiathèques de Charenton-le-Pont, en France, propose des polices adaptées aux personnes ayant un trouble du langage (le bouton DYS en haut à droite offre un choix de polices). Au Québec, cette option est aussi offerte sur le site du Service québécois du livre adapté (SQLA), dans les préférences d’accessibilité.
- Inclusion de sous-titres dans les vidéos sur le site de la bibliothèque.
- Création d’un récit social ou scénario social. Il s’agit d’un guide illustré, comme ceux de BAnQ pour les enfants ou pour les adultes, qui explique une situation sociale (activités, fonctionnement de la bibliothèque) afin de favoriser un apprentissage social et de réduire l’anxiété liée à la découverte d’un nouvel environnement.
- Visite virtuelle de la bibliothèque. Elle permet aux personnes neurodivergentes (notamment les personnes autistes) de réduire leur anxiété, car elles peuvent visualiser et s’approprier les lieux avant une visite. Il est possible de l’intégrer à une application (comme le font les bibliothèques de Cumbria, Cumbrian Libraries), de la créer à l’aide d’un appareil 3D (voir le site du Cégep du Vieux Montréal) ou de faire appel à une entreprise.
- Ordinateurs avec options d’accessibilité (logiciel de prédiction de mots avec synthèse vocale, comme Lexibar), lecteurs d’écran (NonVisual Desktop Access) et application de communication alternative et améliorée (LetMeTalk).
D’après la Fédération québécoise de l’autisme, les parents d’enfants autistes peuvent renoncer à participer à des activités ou à fréquenter la bibliothèque principalement par peur du jugement et du regard des autres usagers, voire du personnel de bibliothèque.
Des activités s’adressant spécifiquement aux enfants à besoins particuliers, dont les enfants autistes, peuvent être organisées afin que les familles se sentent en confiance.
L’intégration des organismes communautaires, comme les associations régionales de l’autisme du Québec, constitue une vraie plus-value tant pour les conseils prodigués que pour la communication et la promotion de l’activité dans leurs réseaux respectifs.
- Référence : Les personnes autistes (enfants et adultes) ont des intérêts particuliers et variés (cinéma, astronomie, graphisme, horaires d’autobus d’une ville). Pour obtenir des informations sur ces sujets, elles doivent avoir de bonnes compétences informationnelles et/ou l’aide d’un bibliothécaire.
Une personne-ressource formée dans le domaine de l’autisme constitue donc une aide précieuse, car elle pourra valoriser toutes les ressources de sa bibliothèque (voire des autres bibliothèques) en fonction de l’intérêt particulier de la personne autiste, aider cette dernière à faire des recherches dans le catalogue ou dans des bases de données, et l’amener à développer ses compétences informationnelles.
- Heure du conte sensorielle : Cette activité est adaptée aux enfants à besoins particuliers. Elle inclut des pictogrammes pour décrire le déroulement de l’activité et illustrer la lecture, et propose des objets sensoriels qui aident les enfants à se concentrer. La bibliothèque de Mirabel utilise des pictogrammes pour décrire les étapes de l’activité. La bibliothèque Louise-Michel, à Paris, a construit l’activité avec un enfant à besoins particuliers, et la lecture du livre y est accompagnée de pictogrammes.
- Heure d’ouverture réservée à l’accueil des enfants à besoins particuliers, comme à la bibliothèque de Mirabel ou à celle de Boucherville.
- Trousses sensorielles : Elles peuvent être composées d’un casque antibruit, d’une balle antistress, d’un coussin texturé… Elles permettent aux enfants ou aux adultes ayant des sensibilités sensorielles particulières (liées à l’autisme, au TDAH, etc.) de s’apaiser, de se concentrer et de réguler leur stimulation sensorielle. Elles sont essentielles à leur bien-être. On en trouve, par exemple, à la bibliothèque Marie-Uguay de Montréal ou dans les bibliothèques publiques de Halifax.
- Salon de l’emploi pour les personnes autistes : Cette activité a été organisée, en octobre 2023, par une bibliothèque publique à Toronto. La conception du salon de l’emploi a été effectuée par des bibliothécaires en lien avec des personnes autistes qui recherchaient un emploi, afin que l’environnement soit accueillant pour ces personnes. Le taux de chômage chez les autistes est bien plus important que chez les neurotypiques; il s’agit donc d’un enjeu majeur pour eux. Le salon de l’emploi a accueilli des représentants d’entreprise, des groupes de soutien et des personnes autistes au chômage.
L’événement était très inclusif : éclairage de la salle tamisé, salle de repos, distribution de kits sensoriels et badges de communication indiquant le type de communication privilégié.
- Traduction de livres grâce à la CAA : Les bibliothécaires de Moréac, en France, ont travaillé avec une éducatrice spécialisée pour traduire des livres pour enfants à l’aide de pictogrammes du langage Makaton. Le langage Makaton est un système de communication dont le vocabulaire fonctionnel utilise la parole, les signes, les pictogrammes.
La représentation visuelle à l’aide des pictogrammes dans les livres permet aux enfants à besoins particuliers d’avoir une meilleure compréhension des histoires, ce qui facilite les échanges.
- Création de groupes d’écoute ou de soutien : Les associations régionales d’autisme du Québec, comme Autisme Montérégie, organisent des rencontres mensuelles en soirée qui sont animées par une intervenante sociale. Les participants partagent leurs expériences, leurs difficultés, leurs connaissances, leurs ressources, et obtiennent de l’écoute et du soutien.
- Création de clubs adultes : Les associations régionales d’autisme du Québec, comme Autisme Montérégie, organisent des soirées destinées aux personnes autistes de plus de 18 ans. Ces soirées proposent différentes activités : films, jeux de société, jeux de cartes, jeux vidéo, et sont encadrées par un intervenant. Elles permettent de créer du lien social et de développer l’autonomie et la participation sociale.
- Club de lecture pour neurodivergents, comme celui organisé par la Cumberland County Library. On y accueille les personnes neurodivergentes et leurs accompagnants neurotypiques, qui participent aussi à l’activité. Les bibliothécaires sélectionnent des livres qui sont proposés en différents formats, notamment en gros caractères, afin de favoriser l’accessibilité. Deux employés de la bibliothèque interviennent dans l’activité, l’un pour animer les discussions et suivre le programme, et l’autre pour aider les participants.
- Création d’un prix littéraire : Il s’agit d’un projet de la médiathèque de Charenton-le-Pont, dont le but est d’inclure les personnes neurodivergentes en sélectionnant des livres qui proposent des formats adaptés aux personnes ayant des besoins particuliers.
Il existe peu d’enquêtes sur l’emploi des personnes autistes. En 2017, l’Enquête canadienne sur l’incapacité indiquait que 33 % des personnes autistes avaient un emploi.
Pourtant, les personnes autistes ont des compétences qui sont valorisées dans le monde du travail : souci du détail, ponctualité, très bonne mémoire.
Entretien d’embauche
L’un des principaux obstacles à l’emploi des personnes autistes est l’entretien d’embauche : c’est un exercice qui met en exergue les compétences sociales et qui constitue souvent l’unique porte d’entrée pour l’obtention d’un emploi.
Cet exercice nécessite une très bonne compréhension et pratique des codes sociaux, qui sont des informations implicites attendues dans les réponses aux questions. Il s’agit donc d’un exercice qui constitue un vrai frein à l’emploi des personnes autistes et qui n’est souvent pas représentatif des capacités réelles de ces personnes.
Il est possible d’adapter la forme de l’entretien en proposant un entretien directif ou semi-directif avec une liste de questions fermées. L’environnement de l’entretien est aussi primordial : il faut choisir un lieu calme sans trop de stimuli sensoriels. Il est également important de convenir en amont, avec la personne autiste, d’une mise en situation réelle où elle pourra montrer ses compétences.
Il existe des solutions de rechange. BAnQ, par exemple, a offert des stages en emploi à des personnes autistes pour favoriser leur inclusion dans leur nouveau milieu de travail. Ce stage a permis aussi d’évaluer leurs capacités et les compétences requises pour l’emploi. Pour cela, BAnQ a travaillé en partenariat avec un organisme spécialisé : Autisme sans limites.
Adapter le milieu de travail
- Poste de travail : Selon les hyporéactivités ou les hyperréactivités, il est important que la personne autiste ait un environnement où elle n’est pas surstimulée par le bruit, la lumière, les interactions sociales. Du matériel comme des coquilles antibruit peut aussi être fourni pour diminuer les stimulations.
- Horaire de travail : Il peut être adapté afin que la personne autiste évite les heures de pointe.
- Sensibilisation du milieu de travail : Si la personne le souhaite, elle peut informer ses collègues qu’elle est autiste. Il est important que ceux-ci aient été sensibilisés et qu’ils connaissent les particularités de l’autisme.
- Favorisation du télétravail : Lorsque possible, le télétravail est idéal pour la plupart des personnes autistes. Une alternance peut aussi être mise en place, entre les jours où la stimulation sensorielle est très importante (travail sur place) et les jours de repos sensoriel (télétravail).
Il existe deux définitions de l’autisme :
- Le modèle médical du handicap, dont le principe est de se concentrer sur la normalisation ou la rééducation des personnes handicapées, définit l’autisme comme un trouble neurodéveloppemental qui se caractérise notamment par des déficits. C’est la définition la plus largement diffusée dans le monde scientifique et médical et dans la population.
- Le modèle social du handicap, dont le principe est de normaliser ou de rééduquer la société pour qu’elle réponde aux besoins de tous, définit l’autisme comme une variante neurologique. Il s’agit d’une définition qui est défendue par la communauté autiste et par des chercheurs scientifiques de renommée internationale comme Laurent Mottron (2016).
L’autisme n’est pas une maladie ou une pathologie. On ne peut pas guérir, soigner ou vaincre l’autisme. L’autisme serait d’origine génétique et lié à des facteurs environnementaux.
La définition de l’autisme par le modèle médical du handicap
D’après la définition de l’Association américaine de psychiatrie, basée sur le modèle médical, le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est un trouble neurodéveloppemental permanent qui se caractérise par :
- Des déficits persistants sur le plan de la communication sociale et des interactions sociales :
- Difficultés dans la réciprocité sociale et émotionnelle
- Déficits relatifs aux comportements de communication non verbaux
- Difficultés à développer, comprendre et maintenir des relations sociales
- Des comportements stéréotypés et des intérêts restreints :
- Utilisation de mouvements répétitifs ou stéréotypés
- Utilisation particulière du langage et des objets
- Insistance sur la similitude, sur les routines et rituels verbaux ou non verbaux
- Intérêts restreints, limités ou atypiques quant à l’intensité et au type
- Hyperréactivité ou hyporéactivité à des stimuli sensoriels, ou intérêt inhabituel envers des éléments sensoriels de l’environnement
La définition de l’autisme par le modèle social du handicap
L’autisme est une condition ou une différence neurologique entraînant une perception unique du monde, qui induit des modes de fonctionnement social et d’interaction sociale différents.
Cette définition s’inscrit dans le modèle social du handicap et notamment dans le concept de neurodiversité, dont la théorisation est attribuée à la chercheuse autiste Judy Singer.
Définition de la neurodiversité
Selon l’Office québécois de la langue française (OQLF), le concept de neurodiversité se définit par « l’ensemble des différents fonctionnements neurologiques et traits comportementaux qui font partie de l’espèce humaine. En parlant de neurodiversité, on vise principalement à faire reconnaître les fonctionnements neurologiques atypiques (p. ex., les troubles neurodéveloppementaux) comme des variations naturelles au sein du genre humain, et à faire respecter les personnes neurodivergentes ».
Selon l’OQLF, une personne neurodivergente est une « personne dont le fonctionnement neurologique est atypique, souvent en raison d’un trouble neurodéveloppemental ».
L’OQLF précise que « le concept de “personne neurodivergente” est lié à celui de “neurodiversité”, concept par lequel on vise à faire respecter ces personnes et à faire reconnaître leurs fonctionnements neurologiques comme une variation naturelle, et à celui de “personne neurotypique”, qui fait référence à une personne qui ne présente pas de trouble neurodéveloppemental ».
Concept de spectre
La notion de « spectre » dans l’autisme est particulièrement importante, car le spectre ne se représente pas comme une échelle linéaire selon laquelle le niveau de fonctionnement d’une personne autiste serait « bas » ou « haut », ou selon laquelle une personne autiste serait « plus » ou « moins » autiste.
Le spectre de l’autisme, représenté de façon circulaire par Rebecca Burgess, montre que les autistes partagent un ensemble de caractéristiques communes, mais que l’expression de ces caractéristiques est unique et évolue tout au long de la vie chez les autistes : ainsi, lorsqu’on connaît une personne autiste… on ne connaît qu’une personne autiste!
Financement :
Les bibliothèques peuvent demander deux types de financement.
1. Des activités et des services peuvent être financés par le Plan d’action à l’égard des personnes handicapées du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.
2. Les bibliothèques peuvent aussi proposer un projet dans le cadre d’une entente de développement culturel avec le ministère de la Culture et des Communications.
Formation du personnel :
Guide de formation pour favoriser l’accueil et la réussite des enfants et élèves autistes: https://www.teluq.ca/site/etudes/clom/favoriser-la-reussite-educative-des-eleves-autistes.php?fbclid=IwAR1MCEJpQ6s3iFb5QXqBgB5oiHldG0x-YVee2j5xUbJGaulif60ZnF2dKXs
Formation en ligne gratuite à destination des membres du personnel des bibliothèques pour les sensibiliser à la déficience intellectuelle et à l’autisme et les outiller pour mieux communiquer: https://aidecanada.ca/fr/resources/apprendre/connaissances-de-base-sur-le-tsa-et-la-di/cours-de-biblioth%C3%A9caires
Formation en ligne gratuite qui donne des conseils pour soutenir les clients et les collègues neurodivergents: https://aidecanada.ca/fr/resources/apprendre/connaissances-de-base-sur-le-tsa-et-la-di/soutenir-les-clients-et-coll%C3%A8gues-neurodivergents
Communication alternative et améliorée (CAA), outils et formation :
Webinaires pour comprendre et commencer la CAA :
https://www.rnetsa.ca/fr/centre-de-documentation/185/l-abc-de-la-caa-comment-debuter-la-communication-alternative-et-amelioree
https://aidecanada.ca/fr/resources/apprendre/connaissances-de-base-sur-le-tsa-et-la-di/introduction-%C3%A0-la-communication-am%C3%A9lior%C3%A9e-et-alternative-(caa)
Idées pratiques pour mettre en place la CAA dans les bibliothèques :
https://praacticalaac.org/praactical/aac-friendly-library-visits-5-praactical-ideas/
Outils de communication pour utiliser la CAA :
https://ressources-ecole-inclusive.org/outils-numeriques/outils-numeriques-facilitant-la-communication/
Outils et ressources pour favoriser l’inclusion des personnes autistes dans les bibliothèques :
https://sites.uw.edu/neurodiversity/research-projects/autism-ready-libraries/toolkit/
Étude scientifique sur l’efficacité de la CAA et du langage Makaton : https://adc.bmj.com/content/106/Suppl_1/A177.1.abstract
Visite virtuelle :
Guide pour élaborer une visite virtuelle :
Étude scientifique sur l’intérêt de créer une visite virtuelle afin de diminuer l’anxiété des personnes autistes liée à la découverte ou à la fréquentation d’un lieu. :
https://fr.slideshare.net/slideshow/can-a-virtual-tour-reduce-anxiety-in-young-optometry-patients-with-asd/70355733
Heure du conte sensorielle :
Guide de l’American Library Association (ALA) sur la construction d’une heure de conte sensorielle :
https://www.alsc.ala.org/blog/2012/03/sensory-storytime-a-brief-how-to-guide/
Emploi des personnes autistes :
Article qui présente des conseils pour favoriser l’inclusion d’un employé autiste: https://www.maddyness.com/2021/10/07/conseils-integration-autisme-entreprise/
Publication pour mieux comprendre les personnes autistes, notamment en contexte de travail (voir la p. 47) :
https://www.autismemonteregie.org/images/Publications/guide-autistes-et-non-autistes-2023.pdf
Inclusion des personnes autistes :
La National Autistic Society a créé une liste à cocher pour que chaque organisation puisse situer son niveau d’inclusion des personnes autistes.